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3. Achab, et Elie, le prophète

1R 16.29-22.40; 2Chr 18,19

L’apostasie. La religion humaine de Jéroboam devient occulte sous Achab et Jézabel. Achab type de l’Antichrist. Jézabel se retrouve en Ap 2.20-24. Le culte des Baals : venait avec Jézabel qui entretenait 850 prêtres, 1R 18.19. Son but était d’éradiquer la religion d’Israël, 1R 18.13, cf. 22.8. Sacrifices d’enfants (Jér 19.5). Culte de fertilité avec orgies etc. Un temps où l’on mettait Dieu au défi, cf. 16.34 (cf. Jos 6.26).

Les 4 attractions du Baalisme : religion d’état (puissance et persécution); traditionalisme (déjà en Jug 2.13); pertinence (religion de prospérité); sensualité (prostitution sacrée).

La réponse de Dieu. 17.1. Mon Dieu est l’Eternel. Son nom seul un défi à la nouvelle société de Jézabel. L’arrivée d’Elie très soudaine. Aucune présentation (sauf Tischbé, en Galaad, loin de la cour). Mais Dieu suscite sa réponse. Le mal n’a jamais le dernier mot et quand il semble triompher, Dieu causera sa chute par un homme, par un mouvement. L’attaque d’Elie vise Baal, le dieu de la fertilité qui était supposé donner la pluie. Dt 11.16,17. Dès le début, le conflit entre Elie et Achab va donc montrer qui est vraiment Dieu en Israël.

La souveraineté de Dieu. La Parole de Dieu se retire, 17.3. Israël va devoir faire face à son absence = jugement. Dieu prendra soin d’Elie. L’a-t-il fait pour tous les vrais croyants de la même façon ? Pourquoi pour Elie ? Parce que son œuvre n’est pas encore finie [George Whitefield se dit immortel tant que son œuvre n’était pas achevée]. Les corbeaux : impurs, Lév 11.15. Quel genre de viande ? Ne pas poser trop de questions ! Une veuve, donc pauvre et totalement improbable comme source de nourriture. La façon de Dieu. Sarepta se trouve sur les terres païennes du père de Jézabel. Mais cette veuve va jouir de la grâce de Dieu. Luc 4.25,26 rappelle le jugement impliqué dans ce voyage. La veuve apprendra à vivre par la foi, à risquer tout. “Donne-moi tout ce que tu as, car je te donnerai tout ce dont tu as besoin.” Vivre par la foi un jour à la fois, et pas une fois pour toutes. La Parole qui apporte famine ailleurs apporte suffisance ici. Elle obéit, et quelle récompense ? Pas de réponse. Dieu n’est pas prévisible, apprivoisé. Souvent, son action nous remplit avec des questions. Elie n’a pas de réponse. Il traduit la perplexité en prière sans assurance quant au résultat. Dieu ne fait pas d’Elie un super croyant qui sait tout et fait tout. Il est faible. Ja 5.13. Dieu lui prouve par l’épreuve qu’il n’est pas comme les idoles, mais un Dieu fiable, cf. Dt 8.16 (afin de t’humilier et afin de t’éprouver, pour te faire du bien à la fin, Darby). Il n’y a pas de limites à son pouvoir.

Qui est le vrai Dieu ? Abdias (pas le prophète !) et sa crainte de Dieu, 18.3, prouvée par :4,13. (Quel était le souci d’Achab ?) Il est à la fois comme le corbeau et la veuve pour ceux qu’il cache. Mais il n’est pas un deuxième Elie. Notre vocation : faire des œuvres bonnes, pas des œuvres spectaculaires.

La théologie (si …, alors … :21) conduit à une vie de disciple.

Le vrai Dieu : N’est pas influencé par la géographie (Carmel était un ancien sanctuaire de Baal; les prêtres étaient ‘chez eux’). N’est pas influencé par les nombres (450 contre 1). N’est pas influencé par des rites (cf. la moquerie d’Elie et ses conséquences sur les prêtres. Dieu agira si seulement nous y mettons les formes et l’activisme, Mt 6.7-9). N’est pas handicapé par des obstacles (:34,35). Elie n’était pas bon psychologue, mais bon théologien : il connaissait Dieu.

La grâce de Dieu : l’autel rappelle l’unité du peuple, :31, contre les efforts des rois païens d’Israël. Il le bâtit au nom de l’Eternel, sous son autorité, et prie le Dieu de l’alliance, :36,37, avec simplicité et foi, et dans un but précis. Le Dieu qui répond par le feu, :24, cf. Lév 9.24 et 1Chr 21.26. Le retour à lui possible par l’autel, type de la croix.

La sévérité de Dieu : 18.40, cf. Rom 11.22.

La prière d’Elie : Il est un homme faible, comme en 17.20, cf. Ja 5.17,18. Sauf qu’ici, Dieu a promis, 18.1. Le principe : “les prières des siens constituent le canal privilégié par lequel Dieu accomplit sa volonté.” Cf. Ez 36.37 et Ap 22.20. Avant, la réponse était immédiate, :37,38. Maintenant, Dieu tarde. Pourquoi ? Pourquoi nous faut-il agoniser parfois (cf. Rom 15.30,31, combattre =litt. agoniser) ? Nous l’ignorons. Dieu donne la pluie, et non Baal, ou la nature. Que conclure du :46 ? Que l’ordre voulu de Dieu est que le roi suive le prophète, le politique le spirituel ?

Elie et Dieu, 19. Pourquoi ce départ ? Brisé par l’incrédulité malgré la victoire sur le Carmel. Peur de Jézabel ? :3 est une constatation (“voyant cela”, pas traduire cela par ‘avoir peur’). Béer-Cheba est bien au-delà du pouvoir de la reine. Il demande la mort et Dieu l’encourage, le nourrit et l’invite sur la montagne de Dieu, comme Moïse. Là, Elie est invité à vider son cœur (pas une critique de la part de Dieu !). En fait, Dieu se déclare d’accord avec lui et proclame le jugement d’Israël. 19.1,2 peut donc se comparer à Ex 8.34,35. Maintenant, le jugement est inéluctable. Où pouvons-nous entendre Dieu ? Dans les manifestations assourdissantes et impressionnantes, ou dans la voix douce de sa parole au prophète ? Dieu se restreint et même là, le prophète doit se voiler. Dieu n’est pas dans le spectacle, comme Baal. Elie déprimé parce que Dieu a été rejeté. :10,14 ne sont pas un oubli, mais l’affirmation qu’il est le seul à s’opposer publiquement à Baal.

L’encouragement de Dieu : 1. Tu n’es pas seul. Il y aura toujours un reste. 2. Tu n’as pas fini. J’ai encore une mission pour toi (même si Elie n’accomplit en personne que la troisième des trois ordres).

L’appel d’Elisée, 19.19-21. :20, faut-il comparer cela à Luc 9.61,62 ? Le disciple regarde en arrière, son engagement est freiné. Elisée regarde vers l’avant pour un engagement sans frein. L’un veut retourner, l’autre va dire définitivement adieu. Cf. Luc 5.29 ?

La chute d’Achab, 20-22. L’épreuve d’Achab, 20.1-43 : Un ‘fait divers’ ou le début du jugement ? Un prophète avec une promesse. A cause de la rupture de parole de Ben-Hadad, :5 ? L’arrogance du roi syrien, :23, provoque la jalousie de Dieu, :28. Notre danger d’avoir une ‘théologie syrienne’ ? La victoire éclatante d’Achab prouve être sa défaite. La flatterie le terrasse, et un prophète annonce le jugement, :42. [Dieu, est-il un Dieu vengeur ? Oui, mais pas arbitraire. Il est le Juge.]

La condamnation d’Achab, 21. La demande d’Achab, cf. Lév 25.13-15; No 36.7. Pour Jézabel, le roi est au-dessus des lois. Sous un semblant de justice (Dt 17.6,7; Lév 24.13-16), Naboth (et ses héritiers, 2R 9.26) est exécuté. Et Dieu laisse faire. Comme tant de fois. Souffrance et persécution sont le lot du croyant dans ce monde. Et souvent, ce sont les autorités qui persécutent. Cf. Jésus lui-même en Mt 26.59-61. Le pouvoir anti-Dieu trouvera toujours des laquais volontaristes, :11. Cf. Mt 10.18,28. Mais le verset 16 n’est pas le dernier mot. Dieu aura toujours le dernier mot. Le ‘alors’ du :17 est le ‘alors’ du jugement. Car il a vu… 1R 21 est un avertissement à tous les tyrans. Le jugement annoncé a un effet énorme sur Achab, :27, et son repentir a un effet ‘scandaleux’ sur Dieu, :29.

    Achab se repent. Entendons-nous. Il ne se ‘convertit’ pas. Il ne change pas réellement. Le chapitre suivant en est indication suffisante. Mais il manifeste un état d’esprit d’humiliation. Un état d’esprit que nous aurions vite taxé du mot : facile. Mais Dieu l’accepte. Et Achab est pratiquement gracié. A-t-il réparé son acte d’injustice ? Mais peut-on vraiment réparer un meurtre ? De toute façon, la Bible n’en dit rien. Elle nous laisse avec la seule mention de la compassion divine pour le coupable, tout en ayant laissé mourir l’innocent.

    Le scandale de la compassion. Pourquoi, Dieu est-il si désespérément absent devant l’injustice ? Pourquoi faut-il attendre, toujours attendre, jusqu’à ce qu’un jour, il interviendra ? Pourquoi a-t-il envoyé Elie si tard ? Ne peut-il pas mieux protéger les siens ?

    Ce scandale, au sens propre d’une pierre d’achoppement, est déjà énorme. Mais il n’est rien comparé à la suite. Ce Dieu qui a compassion d’Achab ! C’est le comble : pitié du coupable sans en avoir de la victime ! Imaginez un peu. Un Ben Laden vient de lancer ses avions contre les tours de New York avec le résultat que l’on sait. Un prophète va le trouver pour lui annoncer son jugement. Ben Laden accepte ce jugement et se repent, larmes et tout. Et Dieu le pardonne. Fin de l’histoire. C’est invivable ! Et un tel Dieu serait le nôtre ?

    Alors, pour mieux comprendre, retournons une seconde fois à ce récit.

    Notons tout d’abord l’horreur absolue de la liquidation de Naboth. Dieu n’a pas été absent. Il a vu le crime. Mais il n’a détourné aucune des pierres. Dans ce monde injuste où domine le mal, Dieu est assassiné en chaque Naboth. Comme, plus tard, il a été assassiné en son Fils sur la croix. Cela fait partie de cette liberté terrible qui est la nôtre. Nous pouvons devenir les assassins de Dieu. Chaque fois que nous acceptons de ne voir que nos désirs, chaque fois que nos affaires, même chrétiennes, sont plus importantes que le plus petit de nos frères, nous devenons un peu Achab. Et Dieu ne forcera pas notre nature pour nous faire changer d’avis.

    La juste colère de Dieu est annoncée. Il n’intervient pas encore, mais ce temps viendra. Dieu n’est pas insensible devant le mal. Et les cadavres des assassins parsèment les pages de l’histoire. Elie le rappelle à Achab. La patience de Dieu n’est pas illimitée. Et sa compassion n’est pas un gommage de sa justice. Le jugement est postposé, il n’est pas enlevé.

    Pourtant, sa compassion est réelle et impartiale. Il a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentance. Quand Naboth a été tué, Dieu met sur Elie la charge de transmettre le jugement à Achab. Mais ici, notons l’enthousiasme divin : As-tu vu… ? La réponse d’Elie nous est inconnue. A-t-il réagi comme Jonas plus tard, aux prises avec cette même compassion scandaleuse, prête à passer l’éponge aux bouchers de Ninive ? As-tu vu… ?

La mort d’Achab, 22. Les faux prophètes, :10,11. Plus des prêtres de Baal. Sédécias vient bien préparé. Dt 33.17 comme fondement biblique de sa prophétie ? Et Michée ? Quelle situation minoritaire et risquée ! :14 – je suis captif de la Parole de Dieu. C’est ce qui distingue les chrétiens. Mais la parole de Michée n’a de toute façon aucune influence. Achab a déjà décidé ce qu’il fera. Est-ce que Dieu ‘trompe’ Achab ? Non, il lui dit ce qu’il fera. :19-22 sont peut-être une parabole. Quel est le test d’un vrai prophète ? Dt 18.21,22 = 1R 22.25. Mais cela ne rend pas populaire ! Comment, Achab et, surtout, Josaphat ont-ils pris leur décision ? Pourtant, Achab ne peut pas se défaire de la Parole de Dieu, :30. C’est la Parole de Dieu qui s’accomplit, :34, et non les circonstances, :31.

La conclusion, :39, rappelle ce que Dieu juge important ou trivial.

4. La fin de la famille d’Achab - Elisée


Il n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)