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Elizabeth Elliot — Finir l’“Opération Auca”

Elizabeth Elliot vécut un terrible moment lorsque, penchée au-dessus d’un poste de radio crépitant, elle apprit que les corps de son mari et de ses collègues missionnaires avaient été localisés par une équipe de sauveteurs. Le 8 janvier 1956, cinq jeunes missionnaires américains furent assassinés sur les rives du fleuve Curaray en Equateur. Leur ardent désir de voir la conversion de la tribu indienne des Aucas les a conduits à la mort. Il est rare que des photos de missionnaires chrétiens figurent dans les pages du magazine LIFE, mais les événements qui se déroulèrent en Equateur touchèrent non seulement l’Eglise, mais les médias nationaux. Et pourtant, l’épisode suivant du récit, qui est beaucoup moins connu, constitue un exemple frappant de vrai courage, car peu de temps après la mort de son mari, Elizabeth Elliot et sa fille commencèrent à vivre avec la tribu qui avait massacré les hommes.

Au début des années cinquante, les Aucas (aujourd’hui nommés les Waorani) ressemblaient à des Indiens de l’âge de pierre, sans aucun contact avec le monde moderne, sauvages et méfiants. Parmi les Indiens de l’Equateur, ils avaient une terrible réputation de violence et de cruauté. Dans les années quarante, les Aucas avaient massacré onze employés des équipes de prospection du pétrole Shell. Le propriétaire de plantation Carlos Sevilla avait perdu des quantités d’hommes. En particulier, quinze familles avaient été massacrées au cours d’une attaque. Dans toutes ces embuscades et tous ces raids, les Aucas avaient une arme de choix : une lance de trois mètres en bois dur. Ils la maniaient sans pitié. Comme l’a répété Dayuma, un réfugié de luttes internes entre Aucas, “ne leur faites jamais, jamais confiance. Ils peuvent avoir l’air amical, puis se tourner brusquement vers vous pour vous tuer.” C’est vers cette tribu que les cinq hommes se rendirent en 1956 — et qu’Elizabeth Elliot revint en 1958.

Pour beaucoup, l’histoire de la mort de ces missionnaires n’est qu’un épisode désespérant supplémentaire de l’histoire. Cinq jeunes adultes (Jim Elliot, Nate Saint, Ed McCully, Roger Youderian et Pete Fleming) à la fleur de l’âge furent tués à coups de lance par des hommes qui ne comprenaient rien à la foi qui motivait les missionnaires. Elizabeth Elliot a elle-même admis joyeusement qu’elle n’était qu’une femme chrétienne ordinaire, limitée par sa faiblesse. Et pourtant, sa foi dans le Dieu fidèle l’amena à l’invoquer; elle déclara que lorsqu’elle avait appris la mort de son mari, elle avait prié : “Si tu veux que je fasse quelque chose pour les Aucas, je suis à ta disposition.” De bien des façons, cette prière était absurde : sa fille n’avait que dix mois, et les soldats qui avaient trouvé les corps des missionnaires l’avaient avertie que personne ne devait se rendre à l’endroit où les hommes avaient été tués.

Pete Fleming essayant de communiquer avec un Auca. (Photo par Nate Saint)

Elizabeth sut que sa prière avait été exaucée lorsqu’en 1858, elle se retrouva dans une petite hutte au sol poussiéreux, sans murs ni meubles au milieu du territoire auca. Elle était avec sa fille et Rachel Saint, la sœur de l’un des missionnaires assassinés. C’est ainsi que débuta la lente tâche d’apprendre à communiquer avec la communauté auca et à la comprendre. Après de nombreux mois, un jour mémorable, Gikita, une femme auca, raconta tout d’abord l’accueil fait aux missionnaires, puis leur assassinat. Cela servit de base pour transmettre l’amour du Christ à cette femme qui admettait le mal qui avait été commis et qui s’en affligeait. Par la suite, la Bible fut traduite en langue auca, et une grande partie de la tribu vint à Christ.

Bien que la plupart des pasteurs ne soient pas transpercés par des lances et que la majorité des assemblées ne soient pas victimes de raids meurtriers, le principe est identique. Même si la culture semble désespérante, une poignée de chrétiens fidèles et courageux ‘armés’ de la Parole de Dieu peut faire toute la différence.

Cet article provient de www.kairosjournal.org, le site du Journal Kairos.

Souces :
Les premières étapes de l’histoire sont racontées dans le livre d’Elizabeth Elliot The Savage, My Kinsman (New York: Harper, 1961). L’histoire du martyre des missionnaires est relatée dans les deux célèbres volumes Through Gates of Splendor (New York: Harper, 1957) and Shadow of the Almighty (Hodder & Stoughton, 1958).

   
 

Il n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)