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Méditations de Noël

Voici quelques méditations pour la saison de Noël. Elles ont été publiées ces dernières années dans le journal de l’Eglise Protestante Evangélique de Liège, le ‘Notre Feuille’ (www.epeliege.be). Voir aussi sous l’onglet Célébrer.

 

Le Seigneur de l’univers vous répond : Je vais envoyer mon messager pour m’ouvrir le chemin. Le Seigneur que vous désirez arrivera soudain dans son temple; le messager que vous attendez proclamera mon alliance avec vous. Le voici, il est en train de venir ! (Mal 3.1 BFC)

Voici qu’il vient !

Ce texte se trouve sur la page qui précède le Nouveau Testament, à quelques mots de la venue du Messie. Tout comme nous ne sommes plus qu’à deux pas de Noël. Nous avons acheté le sapin, recherché les lumières, les boules et les guirlandes du grenier ou de la cave. Les cadeaux sont achetés, les amis invités, le repas organisé. Nos villes et villages s’y mettent. Le marché de Noël s’anime, la musique de Noël s’entend des haut-parleurs dans nos magasins. Il n’y a plus qu’à attendre la neige pour un joli Noël blanc. Voilà, tout est prêt.

Tout ?

Noël, Christ est né : voici qu’il vient. Voici que s’accomplissent les prophéties millénaires :

    Depuis près de quatre mille ans
    nous le promettaient les prophètes,

    Depuis plus de quatre mille ans,

    nous attendions cet heureux temps.
     

Voici que l’attente impatiente est couronnée. Dieu a donné son Fils et nous sommes sauvés. Et nous nous préparons à célébrer une fois de plus la venue du Sauveur. Du moins..., c’est cela, Noël, n’est-ce pas ? Mais êtes-vous sûr qu’il aura sa petite place dans vos célébrations ? Entre le fromage et la bûche, peut-être ? Ou le lendemain, au “saut” pénible du lit ? Ou peut-être pas du tout, oublié comme on l’oublie déjà si souvent depuis 2000 ans ?

Noël, fête populaire, fête difficile. “Qui pourra soutenir le jour de sa venue ?” dit le Seigneur. Car il ne vient pas pour nous donner une belle fête, mais pour nous racheter de nos péchés. Quand il vient, “il est comme le feu du fondeur” qui purifie tout ce qui ternit nos vies. Il n’est pas tant concerné par nos guirlandes, que par la lumière qui émane de nous. Il a peur qu’elle ne brille pas aussi intensément qu’elle le devrait.

Soudain il entrera dans son temple, dans ce temple qu’est notre corps, qu’est notre église. Vous vous l’imaginez ? Mais il ne faut pas y penser ! La tiédeur qui y règne pourrait le choquer. Notre fatigue à fêter Noël “encore une fois”, notre lassitude devant la glorieuse nouvelle des anges, notre préférence de penser à nous-mêmes : Voici qu’il vient ! Le messager de l’alliance vient s’enquérir de notre fidélité à son alliance, à sa nouvelle alliance. Mais quelle idée ! Nous ne savions même pas que nous avions contracté une alliance. N’avons-nous pas été sauvés gratuitement ? Pourtant, voyez-le parcourir les recoins de son temple. Qu’y voit-il ? Le voilà qu’il allume son feu, feu de joie... ou feu de croix ? Qu’y brûlera-t-il ?

Noël : Christ vient dans son temple. Sommes-nous heureux de l’y accueillir ?

    Il veut nos cœurs, il les attend :
    Il vient en faire la conquête.

    Il veut nos cœurs, il les attend :

    Qu’ils soient à lui, dès ce moment.

Egbert Egberts

 

Pourquoi, Dieu devait-il se faire homme ?

Pour nous montrer à quel point il nous aimait, Dieu a envoyé dans ce monde de méchanceté son Fils unique, pour que, par sa mort, nous ayons la vie éternelle. Cet acte nous montre ce qu’est l’amour véritable: ce n’est pas notre amour pour Dieu, mais celui qu’il nous a témoigné en envoyant son Fils mourir pour nos péchés. (1Jn 4.9,10)

Pourquoi, Dieu devait-il se faire homme ?

Voici une parabole du Sadhou Sundar Singh :

Il était une fois un roi. Son grand vizir était un homme érudit et fort pieux. Au cours d’un voyage en Palestine, celui-ci entendit parler du Christ. Il en fut profondément touché et devint chrétien. Lorsqu’il rentra de voyage, il annonça sa conversion et sa foi au Christ venu dans le monde pour sauver les pécheurs.

Le roi lui dit : “Quand je veux qu’une chose se fasse, je donne un ordre à mon serviteur et cela suffit. Pourquoi donc le Roi des rois qui peut sauver les hommes par une seule parole, doit-il devenir homme et venir en ce monde ?”

Le vizir demanda la permission de ne répondre que le lendemain. Il envoya chercher un sculpteur sur bois, renommé pour son talent. Il lui commanda d’apporter le lendemain une poupée exactement habillée comme le fils du roi, alors âgé d’un an. Le jour suivant, le roi et son ministre se trouvaient ensemble sur un bateau. Le roi demanda la réponse. A cet instant, le sculpteur, tenant la poupée, parut sur le rivage. Le roi tendit les bras pour recevoir son enfant. Mais l’ouvrier, obéissant aux ordres du vizir, laissa choir la poupée dans la rivière. Aussitôt le roi se jeta à l’eau afin de sauver l’enfant. Un moment après, le vizir dit au roi :

“O Roi, il n’était pas nécessaire que tu te jettes à l’eau; ne pouvais-tu m’en donner l’ordre ? Pourquoi as-tu sauté toi-même ?”

Le roi réfléchit et dit : “C’est par amour paternel.”

Le vizir dit alors : “C’est aussi par amour que le Dieu tout-puissant s’est fait homme pour sauver le monde, au lieu d’user de sa simple parole.”

(Parole en paraboles, Méditations du Sadhou Sundar Singh, Editions Empreinte 1988)

Pourquoi, Dieu s’est-il fait homme ? La réponse est encore la même aujourd’hui. Notre seule parole ne suffit pas pour rendre visible l’amour de Dieu. Il nous faudra mouiller nos chemises, nous jeter à l’eau, pour que l’amour de Dieu ne reste pas du verbiage. Pourquoi faut-il que nous nous fassions serviteurs ? Parce que l’amour de Christ nous presse. Toute autre raison est insuffisante.

Egbert Egberts

 

Il était la lumière véritable, qui éclaire tout homme, venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli. Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom. (Jn 1.9-12)

L’Enfant qui ne devait pas naître

Non, ce n’est pas le titre d’un conte de fées : c’est tout simplement l’histoire de Noël. Christ est l’Enfant qui ne devait pas naître. L’antisémitisme a été spécialement développé pour (en fait contre) lui, pour qu’il ne naisse pas. Du Pharaon d’Egypte jusqu’à Hérode le sanguinaire, en passant par Haman, l’Amalécite, c’est la même histoire : il ne doit pas venir, et s’il vient, il doit mourir, et s’il meurt, il doit rester mort et ne jamais pouvoir revenir. La culture de haine s’est déversée sur le peuple qui l’a vu naître et sur le peuple né de lui. Sa venue est devenue la date bascule de l’Histoire. On est ‘avant’ ou ‘après’. Mais on ne peut pas l’ignorer. Ce serait dévisser sa propre histoire.

Pour ceux qui ont voulu l’ignorer, ou l’assassiner une deuxième fois, la culture de haine et de mort est devenue une abîme sans fond. C’est comme si l’enfant qui ne devait pas naître entraîne dans son sillage des millions d’autres enfants. Pour ceux qui rejettent Noël, la nouvelle date bascule est celle du 3 avril 1990 (pour la Belgique, mais on connaît mieux celle du 22 juillet 1973 aux USA, ou celle du 17 janvier 1975 en France). C’est la date où est votée la loi de l’enfant qui ne doit pas naître. Si vous voulez, c’est l’anti-noël, tout comme il y aura un anti-christ. La loi infâme qui statue avec arrogance que certains enfants n’ont pas droit de vivre constitue une véritable date bascule. Notre ‘civilisation’, me semble-t-il, a fait le pas décisif dans sa révolte contre l’Enfant de Noël. Depuis, c’est une descente de plus en plus rapide vers la désintégration. Toute survivance de la culture de Dieu doit être éradiquée, que ce soit dans les signes extérieurs, en fait sans beaucoup d’importance en soi, que ce soit dans les héritages moraux et spirituels. A l’enfant qui ne doit pas naître succède la personne âgée qui ne doit pas vivre, le mariage qui ne doit pas subsister, la différence entre les sexes qui doit être abolie, le peuple Juif qui doit accepter une deuxième Shoa et l’Eglise qui doit s’adapter ou disparaître. Le jugement est en bout de piste.

Fêter l’Enfant de Noël devient alors un fait de résistance. Nous résistons à vouloir seulement fêter Noël et faire la fête. Nous résistons à la culture des Hérode qui sacrifie les enfants pour mieux tuer l’Enfant. Nous résistons à la fête facile parce que nous avons décidé de faire le chemin contraire et contraignant d’une vie consacrée à Jésus-Christ. Nous résistons à la culture de haine, non seulement visible dans ses fruits amers de la mort et de la violence, mais aussi dans ses racines secrètes d’égoïsme, d’idolâtrie et d’indifférence. Pourquoi ? Parce nous voulons que l’Enfant de la crèche, le Christ de la croix, le Seigneur qui vient, crée en nous une culture d’amour. Notre vie a basculé dans celle de Dieu quand il est venu naître dans notre cœur.

Joyeux Noël !

Egbert Egberts


Il n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)