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L’église d’Hitler

Au crépuscule, sous les regards de 100 000 spectateurs, 110 000 soldats Nazis portant 30 000 bannières et étendards se mirent à défiler en marchant au pas. C’est alors que le Führer fit son entrée au travers d’une porte éclairée par un projecteur. Instantanément, 150 projecteurs anti-aériens puissants, parfaitement alignés et distants de douze mètres, trouèrent de leurs rayons la nuit noire à plus de sept kilomètres. L’effet fut saisissant. L’ambassadeur britannique qualifia ce moment de « solennel et merveilleux… semblable à l’intérieur d’une cathédrale de glace. »1 L’« église » pouvait commencer.

Lorsqu’Hitler prit la direction de l’Allemagne en 1933, il se déclara prophète en affirmant que ses paroles égalaient celles de Jésus et de Paul. En même temps que cette nouvelle religion, apparurent des « cultes de louange et d’adoration », notamment sous la forme de gigantesques rassemblements annuels qui se tenaient à Nuremberg et qui se poursuivirent jusqu’en 1938. Tandis que le Socialisme national marginalisait et persécutait la véritable Eglise, une foi de substitution devint indispensable pour remplir le vide. A cette foi s’ajoutèrent des équivalents païens à la liturgie chrétienne : des festivals, des rencontres et de l’architecture. Tous les ans, au mois de septembre, les fidèles se rassemblaient pendant quatre jours pour vivre un simulacre de culte chrétien, ce qui revenait en fait à tourner en dérision la liturgie religieuse dont ils avaient eu connaissance dans leur enfance. Tous les éléments étaient en place :

1. Cathédrale : Albert Speer, l’ingénieur qui conçut la « cathédrale de lumière » mentionnée plus haut observa : « L’effet obtenu dans la réalité est bien au-delà de tout ce que j’avais imaginé. »2

2. Pèlerinage : environ 2000 membres de la jeunesse hitlérienne faisaient chaque année la « marche d’Adolf Hitler », une randonnée couvrant plus de 1000 km à pied en direction de Nuremberg.3

3. Reliques : la présentation de leur plus sainte relique, le Blutfahne (drapeau du sang), drapeau à croix gammée, maculée du sang des martyrs du soulèvement de 1923, constituait l’apogée de la cérémonie.4

4. Rituel : Rudolph Hess procédait au rituel Totenehrung (hommage aux morts), une énumération des noms de ceux qui avaient « scellé du sang de leur cœur leur loyauté au Fürher et à la nation ».5

5. Sermon : Hitler « prêchait » des messages « électrisants » lors de ces rassemblements. Après avoir vu le classique le Triomphe de la volonté, un film de Leni Riefenstahl au sujet du rassemblement de 1934, la star du rock, David Bowie ne tarissait pas d’éloges : « Comme il savait s’approprier son public !… Le monde ne verra jamais plus quelque chose de semblable. »6

6. Litanie : une litanie de chants et de réponses dont l’une d’elles affirmait : « Où qu’il aille, nous le suivrons. »7

7. Confession : 50 000 membres de la jeunesse hitlérienne proclamèrent d’une seule voix : « Je jure devant Dieu ce serment sacré d’être pour toujours loyal et soumis au Führer, Adolf Hitler. »8

8. Hymnes : l’hymne Nazi le plus célèbre finissait par ces mots : « Allemagne, réveille-toi ! »9

9. Autel : lors d’une de ces journées festives, Hitler descendit à pied de l’Opfergang (chemin du sacrifice) au mémorial des martyrs à Nuremberg. Il s’est inspiré pour cela de l’ancien autel des sacrifices situé à Pergame.10

10. Congrégation : les nazis utilisaient environ 500 trains pour rassembler les adorateurs à Nuremberg.11

William Shirer, auteur de La Troisième Reich : Des Origines à la Chute, observa qu’un meeting à Nuremberg « avait quelque chose du mysticisme et de la ferveur religieuse d’une messe de Pâques ou de Noël dans une grande cathédrale gothique ».12 Il semble que le genre humain a un besoin profond d’adorer quelque chose, et lorsque l’Eglise hésite et chancelle, les démagogues y répondent en utilisant d’effroyables contrefaçons.

 

Notes :

1  Frederic Spotts, Hitler and the Power of Aesthetics (New York: The Overlook Press, 2003), 66.

2  Ibid. 57.   3  Ibid. 63-64.   4  Ibid. 64.        5  Ibid.   6  Ibid. 56.        7  Ibid. 65.       
     8
 Ibid. 66.       
9  Ibid. 67.        10  Ibid. 69.       11  Ibid. 62.

 

Cet article provient de www.kairosjournal.org, le site du Journal Kairos.

 

Tout ceci a une valeur historique certaine. Ce qui est beaucoup plus troublant, c’est que tout ceci n’aura été qu’une répétion générale de ce que fera la bête de l’Apocalypse, le nouveau Hitler qui viendra et qui sera adoré par le monde entier. Autrement dit : nous sommes sensés d’apprendre de l’histoire si nous ne voulons pas qu’elle se répète.

J’aimerais recommander le livre suivant : Erwin LUTZER, La croix d’Hitler, Villeurbanne: Editions Clé 2002, en vente dans les librairies chrétiennes. L’auteur montre comment Hitler est venu au pouvoir et comment il a soumis l’Eglise d’Allemagne et remplacé la croix de Christ par la croix gammée. Il tire ensuite des lignes vers le futur de l’Antichrist qui doit venir. C’est un livre choquant et remarquable.

 

Voir aussi un court extrait de la vidéo officielle d’une des rallyes à Nuremberg, en 1934 : http://www.youtube.com/watch?v=3aJ66lItl3s. (Attention, ceci est un film de propagande Nazi !), ou la vidéo complète (environ une heure) : http://www.youtube.com/watch?v=fFuLV8mW0B4&NR=1 (en Allemand, soustitré en Anglais).

   
 

Il n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)