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Le sermon sur la montagne

(5.1) Quand Jésus vit ces foules, il monta sur une montagne et s’assit. Ses disciples vinrent auprès de lui et il se mit à leur donner cet enseignement :

  • Heureux ceux qui se savent pauvres en eux-mêmes, car le Royaume des cieux est à eux !
  • Heureux ceux qui pleurent, car Dieu les consolera ! Heureux ceux qui sont doux, car ils recevront la terre que Dieu a promise !
  • Heureux ceux qui ont faim et soif de vivre comme Dieu le demande, car Dieu exaucera leur désir !
  • Heureux ceux qui ont de la compassion pour autrui, car Dieu aura de la compassion pour eux !
  • Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
  • Heureux ceux qui créent la paix autour d’eux, car Dieu les appellera ses fils ! H
  • Heureux ceux qu’on persécute parce qu’ils agissent comme Dieu le demande, car le Royaume des cieux est à eux ! Heureux êtes-vous si les hommes vous insultent, vous persécutent et disent faussement toute sorte de mal contre vous parce que vous croyez en moi. Réjouissez-vous, soyez heureux, car une grande récompense vous attend dans les cieux. C’est ainsi, en effet, qu’on a persécuté les prophètes qui ont vécu avant vous.

C’est vous qui êtes le sel du monde. Mais si le sel perd son goût, comment pourrait-on le rendre de nouveau salé ? Il n’est plus bon à rien; on le jette dehors, et les gens marchent dessus.
C’est vous qui êtes la lumière du monde. Une ville construite sur une montagne ne peut pas être cachée. On n’allume pas une lampe pour la mettre sous un seau. Au contraire, on la place sur son support, d’où elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. C’est ainsi que votre lumière doit briller devant les hommes, afin qu’ils voient le bien que vous faites et qu’ils louent votre Père qui est dans les cieux.

Vous avez entendu qu’il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent. Eh bien, moi je vous dis de ne pas vous venger de celui qui vous fait du mal. Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, laisse-le te gifler aussi sur la joue gauche. Si quelqu’un veut te faire un procès pour te prendre ta chemise, laisse-le prendre aussi ton manteau. Si quelqu’un t’oblige à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. Donne à celui qui te demande quelque chose; ne refuse pas de prêter à celui qui veut t’emprunter.

Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu dois aimer ton prochain et haïr ton ennemi. Eh bien, moi je vous dis : aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. Ainsi vous deviendrez les fils de votre Père qui est dans les cieux. Car il fait lever son soleil aussi bien sur les méchants que sur les bons, il fait pleuvoir sur ceux qui lui sont fidèles comme sur ceux qui ne le sont pas. Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, pourquoi vous attendre à recevoir une récompense de Dieu ? Même les collecteurs d’impôts en font autant ! Si vous ne saluez que vos frères, faites-vous là quelque chose d’extraordinaire ? Même les païens en font autant ! Soyez donc parfaits, tout comme votre Père qui est au ciel est parfait.

(6.1) Gardez-vous d’accomplir vos devoirs religieux en public, pour que tout le monde vous remarque. Sinon, vous ne recevrez pas de récompense de votre Père qui est dans les cieux. Quand donc tu donnes quelque chose à un pauvre, n’attire pas bruyamment l’attention sur toi, comme le font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues: ils agissent ainsi pour être loués par les hommes. Je vous le déclare, c’est la vérité: ils ont déjà leur récompense. Mais quand ta main droite donne quelque chose à un pauvre, ta main gauche elle-même ne doit pas le savoir. Ainsi, il faut que ce don reste secret; et Dieu, ton Père, qui voit ce que tu fais en secret, te récompensera.

Quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites: ils aiment à prier debout dans les synagogues et au coin des rues pour que tout le monde les voie. Je vous le déclare, c’est la vérité : ils ont déjà leur récompense. Mais toi, lorsque tu veux prier, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est là, dans cet endroit secret; et ton Père, qui voit ce que tu fais en secret, te récompensera. Quand vous priez, ne répétez pas sans fin les mêmes choses comme les païens: ils s’imaginent que Dieu les exaucera s’ils parlent beaucoup. Ne les imitez pas, car Dieu, votre Père, sait déjà de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez.
Voici comment vous devez prier :

Notre Père qui es dans les cieux, que chacun reconnaisse que tu es le Dieu saint, que ton Règne vienne; que chacun, sur la terre, fasse ta volonté comme elle est faite dans le ciel. Donne-nous aujourd’hui le pain nécessaire. Pardonne-nous nos torts, comme nous pardonnons nous aussi à ceux qui nous ont fait du tort. Et ne nous expose pas à la tentation, mais délivre-nous du Mauvais. Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour toujours. Amen.
En effet, si vous pardonnez aux autres le mal qu’ils vous ont fait, votre Père qui est au ciel vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux autres, votre Père ne vous pardonnera pas non plus le mal que vous avez fait.

Ne vous amassez pas des richesses dans ce monde, où les vers et la rouille détruisent, où les cambrioleurs forcent les serrures pour voler. Amassez-vous plutôt des richesses dans le ciel, où il n’y a ni vers ni rouille pour détruire, ni cambrioleurs pour forcer les serrures et voler. Car ton coeur sera toujours là où sont tes richesses. Les yeux sont la lampe du corps: si tes yeux sont en bon état, tout ton corps est éclairé; mais si tes yeux sont malades, tout ton corps est dans l’obscurité. Si donc la lumière qui est en toi n’est qu’obscurité, comme cette obscurité sera noire !

Personne ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra le premier et aimera le second; ou bien il s’attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent.

Voilà pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas au sujet de la nourriture et de la boisson dont vous avez besoin pour vivre, ou au sujet des vêtements dont vous avez besoin pour votre corps. La vie est plus importante que la nourriture et le corps plus important que les vêtements, n’est-ce pas ? Regardez les oiseaux : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent pas de récoltes dans des greniers, mais votre Père qui est au ciel les nourrit ! Ne valez-vous pas beaucoup plus que les oiseaux ? Qui d’entre vous parvient à prolonger un peu la durée de sa vie par le souci qu’il se fait ? Et pourquoi vous inquiétez-vous au sujet des vêtements ? Observez comment poussent les fleurs des champs : elles ne travaillent pas, elles ne se font pas de vêtements. Pourtant, je vous le dis, même Salomon, avec toute sa richesse, n’a pas eu de vêtements aussi beaux qu’une seule de ces fleurs. Dieu habille ainsi l’herbe des champs qui est là aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu : alors ne vous habillera-t-il pas à bien plus forte raison vous-mêmes ?

Comme votre confiance en lui est faible ! Ne vous inquiétez donc pas en disant : Qu’allons-nous manger? qu’allons-nous boire ? qu’allons-nous mettre pour nous habiller ? Ce sont les païens qui recherchent sans arrêt tout cela. Mais votre Père qui est au ciel sait que vous en avez besoin. Préoccupez-vous d’abord du Royaume de Dieu et de la vie juste qu’il demande, et Dieu vous accordera aussi tout le reste. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain : le lendemain se souciera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.
(7.1) Ne portez de jugement contre personne, afin que Dieu ne vous juge pas non plus. Car Dieu vous jugera comme vous jugez les autres; il vous mesurera avec la mesure que vous employez pour eux. Pourquoi regardes-tu le brin de paille qui est dans l’œil de ton frère, alors que tu ne remarques pas la poutre qui est dans ton œil ? Comment peux-tu dire à ton frère : Laisse-moi enlever cette paille de ton œil, alors que tu as une poutre dans le tien ? Hypocrite, enlève d’abord la poutre de ton oeil et alors tu verras assez clair pour enlever la paille de l’œil de ton frère.

Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens, de peur qu’ils ne se retournent contre vous et ne vous déchirent; ne jetez pas vos perles devant les porcs, de peur qu’ils ne les piétinent.

Demandez et vous recevrez; cherchez et vous trouverez; frappez et l’on vous ouvrira la porte. Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve et l’on ouvre la porte à qui frappe. Y a-t-il quelqu’un parmi vous qui donne à son fils une pierre si celui-ci demande du pain ? ou qui lui donne un serpent s’il demande un poisson ? Tout mauvais que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants. A combien plus forte raison, donc, votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! Faites pour les autres tout ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous: c’est là ce qu’enseignent les livres de la loi de Moïse et des Prophètes.
Entrez par la porte étroite ! Car large est la porte et facile le chemin qui mènent à la ruine; nombreux sont ceux qui passent par là. Mais combien étroite est la porte et difficile le chemin qui mènent à la vie; peu nombreux sont ceux qui les trouvent.

Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans ce sont des loups féroces. Vous les reconnaîtrez à leur conduite. On ne cueille pas des raisins sur des buissons d’épines, ni des figues sur des chardons. Un bon arbre produit de bons fruits et un arbre malade de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut pas produire de mauvais fruits ni un arbre malade de bons fruits. Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé, puis jeté au feu. Ainsi donc, vous reconnaîtrez les faux prophètes à leur conduite. Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le Royaume des cieux, mais seulement ceux qui font la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Au jour du Jugement, beaucoup me diront : Seigneur, Seigneur, c’est en ton nom que nous avons été prophètes; c’est en ton nom que nous avons chassé des esprits mauvais; c’est en ton nom que nous avons accompli de nombreux miracles. Ne le sais-tu pas ? Alors je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus; allez-vous-en loin de moi, vous qui commettez le mal !

Ainsi, quiconque écoute ce que je viens de dire et le met en pratique sera comme un homme intelligent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les rivières ont débordé, la tempête s’est abattue sur cette maison, mais elle ne s’est pas écroulée, car ses fondations avaient été posées sur le roc. Mais quiconque écoute ce que je viens de dire et ne le met pas en pratique sera comme un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les rivières ont débordé, la tempête s’est abattue sur cette maison et elle s’est écroulée : sa ruine a été complète.

Quand Jésus eut achevé ces instructions, tous restèrent impressionnés par sa manière d’enseigner; car il n’était pas comme leurs maîtres de la loi, mais il les enseignait avec autorité.

Matthieu 5.1-7.29

Vivre dans le Royaume de Dieu

Dans ce texte, Jésus présente la nouvelle Loi, celle de son Royaume. Elle n’est pas mis devant les gens comme une échelle par laquelle il faut chercher à monter vers Dieu. Ce serait sans espoir. Jésus l’adresse à ses disciples et l’inscrit dans leurs cœurs. Ce n’est plus : obéir pour recevoir (le chemin des religions), mais recevoir pour devenir. L’obéissance n’est pas une condition, mais une conséquence. Elle décrit la vie normale de celui qui s’est mis à suivre Jésus-Christ.
Le sermon sur la montagne décrit les caractéristiques du disciple de Jésus-Christ.

Les béatitudes (5.1-12)
On peut les considérer comme un chemin. La première étape : pauvreté intérieure et humiliation. Ensuite l’abdication de ses droits, et la recherche de la justice du Christ, ce qui ouvre à une vie selon lui. Ainsi, on devient celui qui répand la paix, message proclamée autant que vécue. Mais une telle vie provoque la persécution.

La vie du disciple de Jésus est d’abord marquée par la rupture (:3-6). Elle touche quatre domaines : la pauvreté intérieure (celui qui croit déjà tout avoir – ou avoir suffisant – est disqualifié); le deuil (pas l’indifférence mais la tristesse devant le mal, il a fait son deuil du monde sans Dieu); la douceur (au lieu de se défendre, il accepte de devenir faible avec Jésus); la soif de la justice de Dieu (il n’est pas un propre juste, mais il s’attend à celle que Dieu donne en Christ).

La vie du chrétien, au sens noble du mot, est ensuite marquée par la copie (:7-9). Il cherche à devenir une copie conforme de Jésus et mène donc une vie totalement différente de celle des autres hommes. La compassion l’anime. Son cœur s’ouvre à la misère du monde, celle du corps autant que celle du cœur. Au milieu de l’impureté ambiante, il veut avoir un cœur pur. Pas de l’hypocrisie, mais une vie constamment exposée à la Parole et au sang qui purifient (Jn 15.3; 1Jn 1.7). Il devient un artisan de paix. Il a trouvé la paix et cherche à la répandre autour de lui. La vraie paix, qui est soumission au Prince de la paix (Es 9.6).

Enfin, la vie du disciple de Jésus est marquée par la réaction qu’il suscite. Comme son Maître, lui aussi sera persécuté. Il n’aura jamais une vie tranquille à cause de l’incompatibilité irréductible entre le Royaume de Dieu et les royaumes de ce bas monde.

Ainsi, on devient le sel de la terre, la lumière du monde (5.13-16). Le sel qui prévient la putréfaction et qui donne saveur. La lumière qui guide et qui attire.

Ainsi, leur vie n’est pas caractérisé par le ‘plus’ mais par le ‘mieux’. Il n’a pas plus de religion, mais une meilleure obéissance (:17-20). Entre lui et l’obéissance impossible se tient le Christ qui est entré dans sa vie.

Conséquences sur le comportement (5.21-48)
Quelques exemples montrent le renversement qu’opère Jésus dans la vie de ses disciples. Par quelques exemples qui concernent les points sensibles de la vie de tous les jours, il montre ce qu’il veut changer en nous. Haine, adultère, mensonge, parjure et vengeance sont exposés dans toute leur gravité. La grande question est celle du :47 -
Que faites-vous d’extraordinaire ? C’est justement notre satisfaction avec une vie ordinaire que Jésus expose comme inacceptable. Il nous donne le défi de poursuivre la perfection de son Père. Impossible ? Pour les gens faibles que nous sommes, bien sûr. Mais si le Christ habite en nous par son Esprit… ?

Voici un exemple : La ville imprenable, tirée de Clarence Jordan, Sermon on the Mount, p 41,42.

“On m’avait ordonné de marcher contre une petite ville du Tyrol et de l’assiéger, – dit le vieux colonel. – Nous avions subi une résistance acharnée dans cette partie du pays, mais nous étions sûrs de gagner parce que tous les avantages étaient de notre côté. Cependant, ma confiance fut secouée par une remarque d’un homme que nous avions fait prisonnier.
-Vous ne prendrez jamais cette ville, parce qu’ils ont un chef invincible.

Je demandais à l’un de mes officiers : -Qu’est-ce qu’il veut dire, ce rustre ? Qui est ce chef de qui il parle ?

Personne ne semblait pouvoir répondre à ma question, alors, dans l’éventualité qu’il avait dit vrai, j’ai redoublé mes préparations. En descendant par un col dans les Alpes, je vis avec surprise que le bétail se trouva encore dans les pâtures, et que les femmes et les enfants – oui, même des hommes – étaient en train de travailler dans les champs.

J’ai pensé : Ces gens ne nous attendent pas, ou alors, c’est une piège pour mieux nous prendre. Mais en approchant de la ville, nous rencontrâmes pas mal de gens sur la route. Ils avaient le sourire et continuaient comme si nous n’étions pas là.

Finalement, nous avons atteint la ville. Les drapeaux dans le vent, les trompettes lançant le défi, les armes prêtes, nous pénétrâmes dans les rues. Des femmes portant des bébés venaient aux fenêtres et aux portes. Certaines avaient l’air surprises et tenaient plus fort leurs bébés, pour, ensuite, vaquer à leurs occupations domestiques sans panique ni confusion. Il devenait impossible de maintenir une discipline rigide, et je commençai à me sentir un peu stupide. Mes soldats répondirent aux questions des enfants, et je vis un vieux guerrier envoyer un bisou à une petite fille aux cheveux dorés dans l’embrasure d’une porte. -Exactement l’âge de ma petite Lisa, dit-il tout bas. Et toujours pas de signe d’embuscade. Nous nous dirigeâmes vers la grande place centrale, face à l’Hôtel de ville. S’il y avait de la résistance quelque part, ce serait ici.

Au moment même que j’approchai de l’Hôtel de ville, un vieillard aux cheveux blancs, portant les insignes de bourgmestre, avança, suivi de dix hommes habillés comme de simples paysans. Ils étaient dignes, et ne parurent pas être très impressionnés par le groupe armé devant eux. Or, nous étions les soldats les plus terribles de la puissante armée autrichienne.
Le vieillard descendit des marches jusqu’à côté de mon cheval. ‘Bienvenu, mon frère !’ cria-t-il. Un de mes aides de camp s’apprêta à le transpercer de son épée, mais j’avais bien vu l’absence de toute duplicité sur le visage du vieillard.

-Où sont tes soldats ? fut ma question.

-Mes soldats ? Mais, tu ne sais donc pas que nous n’en avons aucun ? Il me parlait comme un homme étonné, comme si je lui avais demandé : où sont tes géants ? ou : où sont tes nains ?

-Mais nous sommes venus prendre ta ville.

-Eh bien, personne ne vous arrêtera.

-Il n’y a personne ici pour combattre ?

A cette question, le visage du vieillard s’illumina. Je n’oublierai plus jamais son sourire de ce moment. Souvent, plus tard, au milieu d’une bataille sanglante, je vis soudainement le sourire de cet homme - et d’une façon, j’eus de la haine pour ce que je faisais. Voici ce qu’il nous dit en toute simplicité : -Non, il n’y a personne ici pour combattre. Nous avons choisi Christ comme notre Chef, et il nous a enseigné à agir autrement.

Que pouvions-nous faire ? Il me sembla qu’il n’y avait rien d’autre à faire que de partir et de laisser cette ville. C’était impossible de la prendre. Si j’avais commandé mes soldats à ouvrir le feu sur ces hommes, ces femmes et ces enfants souriants, je sais qu’ils ne m’auraient pas obéi. Même la discipline militaire connaît ses limites. Pourrais-je commander ce vieux soldat effrayant de tirer sur la fille qui lui rappela sa petite Lisa ? J’ai rapporté au Quartier Général que la ville avait offert une résistance invincible, même si cette admission devait porter atteinte à ma réputation militaire. Mais j’avais raison. Nous avions été vaincus par ces gens simples qui suivaient implicitement les ordres de Jésus-Christ.”

Conséquences sur la spiritualité (6.1-34)
La spiritualité chrétienne a toujours été marquée par “des pratiques religieuses”, des actions qui traduisent le spirituel dans le monde matériel. Etre spirituel veut dire que le spirituel domine, que l’on vit par l’Esprit de Dieu, en relation réelle avec Dieu. Cela veut dire aussi qu’on a trouvé un juste rapport avec le monde matériel. Aumône, prière et jeûne touchent à cette question dans le Sermon.

L’aumône : quelqu’un qui est proche de Dieu est compatissant avec le démuni. Il est devenu donateur à l’image de Dieu. 1Jn 3.16,17 montrent le lien entre ces trois amours : celui de soi-même et de son argent, celui des autres et celui de Dieu.

La prière : Qu’est-ce qui nous pousse à prier ? Le mot ‘Père’ dit loin sur la motivation. On est devenu proche de Dieu à la manière de Jésus et à cause de Jésus. Mais même cette prière peut devenir une vaine redite ! Et parfois, il faudra prendre exemple sur les païens, Mal 1.10-14. Le ‘Notre Père’ veut nous apprendre ce qu’est ‘prier selon Dieu’. ‘Notre’ indique la dimension communautaire. ‘Père’ rappelle notre filiation en Christ. L’ordre est réaliste : les affaires de Dieu d’abord, ensuite nos besoins matériels, nos problèmes relationnels et notre rapport avec le monde. Nous croyons parfois qu’être spirituel exclut certains de ces domaines.

Le jeûne : Jésus a-t-il jeûné ? Mis à part les 40 jours dans le désert, il n’en est pas question ! C’est peut-être que le jeûne est toute autre chose, à l’instar d’Es 58.4-12. c’est s’abstenir pour un temps, ou pour toujours, d’une chose légitime afin de mieux servir le Seigneur. Le but n’est pas d’obtenir quelque chose pour soi, mais de se libérer pour l’œuvre de Dieu. Dans la mondanité actuelle, tout un programme ! Au lieu d’amasser pour soi, on a le temps de s’investir dans le Royaume de Dieu.

Tout cela est indicatif d’un autre rapport de forces dans notre vie. L’argent et les inquiétudes font place au “premièrement le Royaume et la justice de Dieu”. Etre spirituel est alors défini comme une vie de recherche de cela. Chercher le reste avant tout est ne pas être spirituel. Ainsi, le texte passe en revue nos investissements, :19-23, nos choix, :24, nos soucis, :25-32, et nos récoltes, :33,34. Jésus insiste sur le côté radical de la vie chrétienne. S’y lancer est prendre des risques. C’est tout miser sur cette autre réalité au point que le dieu argent st définitivement détrôné.

Conséquences sur la communauté (7.1-29)
La première règle de la vie communautaire est exprimée au :12. Pas seulement au négatif, mais un principe d’action. Ainsi, la vie du disciple n’est pas exprimée négativement (il ne fait pas …). Comment traduire ce principe en actes ?

D’abord dans nos désaccords (même des gens spirituels auront des désaccords !) :1-5. Juger n’est pas ici au sens d’évaluer, mais au sens de condamner, de critiquer (cf. Jn 7.24 sur la juste façon de juger). Faut-il donc tout laisser faire ? Non, il y a un ‘premièrement’ et un ‘alors’.

Dans notre témoignage, :6. Il faut cependant une certaine prudence. Il faut évaluer les gens, afin de ne pas dilapider l’Evangile.

Dans nos prières, 7-11. Non seulement Dieu nous répond ‘à plus forte raison’, mais ce texte pourrait aussi inspirer nos prières : priez pour les autres ce que vous voulez qu’ils prient pour vous.

La deuxième règle touche à l’évaluation de l’enseignement des autres, et de soi. Comment savoir si ce que je dis et ce que je crois correspondent à la réalité Divine ?

D’abord, il faut être sûr d’être entré soi-même, :13,14. Une porte étroite, un chemin difficile. Jésus fait la distinction entre le peu et le beaucoup. La religion majoritaire a peu de chance d’être le reflet de ce chemin là ! Et une vie chrétienne comme un long fleuve tranquille n’est peut-être pas non plus ce que Jésus implique.

On évalue aux fruits, :15-20. Il faudra donc prendre asse de recul, et de renseignements, pour faire une évaluation honnête. C’est la conduite qui détermine la véracité de l’enseignement, et non la conviction, les sentiments, le milieu ou l’ingénuité des propos. Tout promoteur spirituel n’est pas digne de notre confiance.

Dieu évalue en dernier, :16-23. Gare à l’échéance finale ! L’importance n’est pas dans le spectaculaire de actes, des gestes ou des propos. Ce qui est primordial : Dieu, me connaît-il ?

La conclusion (7:24-29)
L’essentiel et dans l’application, la mise en pratique. Jésus nous pousse à une obéissance concrète. Il ne veut pas titiller notre intelligence mais transformer notre vie. Dire : “J’ai aimé ce qu’il a dit” ne vaut rien si ce n’est pas suivi d’une remise en question de ma vie et d’une action ferme pour y remédier.

Jésus était différent dans son enseignement parce qu’il n’accumulait pas les renvois aux autorités précédentes (“Rabbi untel a dit, mais rabbi untel …). “Je vous dis”. Nous ne sommes pas devant une philosophie, une religion, ou un supermarché spirituel (“Je prends ceci, mais pas cela…”), mais devant le Fils de Dieu. Ce qu’il nous ordonne, il le rend possible par l’Esprit qu’il fait habiter en nous. Jésus dit : “Celui qui m’aime obéira à ce que je dis. Mon Père l’aimera; nous viendrons à lui, mon Père et moi, et nous habiterons chez lui. Celui qui ne m’aime pas n’obéit pas à mes paroles. Ce que vous m’entendez dire ne vient pas de moi, mais de mon Père qui m’a envoyé. Je vous ai dit cela pendant que je suis encore avec vous. Celui qui doit vous venir en aide, le Saint-Esprit que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.” (Jean 14.23-26 BFC)


Il n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)