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Habaquq

Quand les fondements sont renversés

(Psaume 11.3)


… je vais guetter pour voir ce qu’il me dira, et ce que je répliquerai au sujet de mes doléances.  
(Habaquq 2.1)

Attendre, et faire confiance

Habaquq est le prophète qui n’a rien compris. Cela nous arrive bien sûr tout autant. Nous ne comprenons rien à ce que Dieu est en train de faire. Nous avons envie de crier qu’il arrête, de pleurer pour le faire changer d’avis, et même, de lui demander des comptes. Nous sommes perplexes. Sûrement, il aurait dû…

Parfois, souvent ?, Dieu nous laisse sans réponse. Comme Jésus en Gethsémané. Comme Jésus sur la croix. Les pourquoi restent opaques. Le ciel semble fermé. Pourtant : “Non pas ma volonté, mais que ta volonté se fasse.”

Le Seigneur répondra au prophète. Mais que dit-il ? Le juste vivra par la foi. (2.4)

Accepterons-nous une telle réponse, même quand elle semble ne rien résoudre ? Osons-nous une telle confiance ? Voilà notre prophète. Dieu punit son peuple en se servant de gens bien pire que lui (les Chaldéens) : cela devrait être interdit ! Mais alors, que fait Habaquq ? Il se met à l’écart. Quand toutes les réponses de la Bible semblent insuffisantes à nos questions, n’est-ce pas la seule chose à faire ? Quand les certitudes, et il y en a en 1.12,13, ne ramènent pas le calme dans notre âme, suivons le prophète dans sa tour de garde. Prions et attendons, et ne disons pas des bêtises même spirituelles. Le Dieu éternel reste en contrôle. Il a le mal en horreur. Il est le rocher des siècles et il est mon Dieu. Tout cela, le prophète le sait et le dit dans ces versets 12 et 13. Mais cela ne répond pas à tout. “Je vais attendre.”

La tombe du prophète Habaquq en Iran

1.1-2.1
Incompréhension

Habaquq vit au temps de Yéhoyaqim, roi de Juda, au temps de Jérémie. Les Babyloniens (= Chaldéens) sont devenus la superpuissance de ce temps.

1. Nos “pourquoi ?”         1.1-4
C’est un problème de croyant. Le non croyant ne peut que se moquer de Dieu. Mais il est aussi sans réponse … et sans vraie espérance.

Impression que Dieu nous a abandonnés
: oppression, violence, querelles, discorde, la loi mise de côté, la justice bafouée … Nous vivons les mêmes questions. Il ne semble rester que la loi du plus fort et du plus riche. Dieu est inactif ? Comment suivre les actualités sans malaise profond ?

2. La réponse étrange de Dieu     1.5-11
Cf. Es 28.21. Une réponse incompréhensible, inattendue. Pas de réveil, pas de revirement, pas de miracle. Pas non plus de réponse facile (priez plus…).
Dieu va susciter un peuple cruel comme son fléau
. La bénédiction d’une vie prospère et tranquille n’est pas un acquis, un droit. Si cela nous endort, Dieu l’enlèvera, cf. Act 13.38-41. La réponse de Dieu rappelle 1 P 4.17-19.
Dieu ne ferait jamais cela ? Il l’a fait souvent !

Incompréhensible ? Notre idée de Dieu a peut-être besoin d’être corrigée !

3. Quand Dieu nous rend perplexes         1.12-2.1
Habaquq est perplexe. Dieu se sert de gens mauvais ? N’est-il pas pur et saint ? Alors, un mal sans fin ? Comment y voir plus clair ?

Ce qui reste immuable
: (1.12,13)

  • Dieu est en contrôle. Il fait surgir. Cf. Prov 21.1.
  • Il est le Dieu éternel, le Alpha et Oméga. Jamais prisonnier du temps.
  • Il est saint et il a le mal en horreur. L’injustice ne peut venir de lui.
  • Il est le Dieu puissant, le Rocher des siècles.
  • Il est fidèle. (“mon”, “nous”) Nul ne nous ravira de sa main.

Pourtant, la question demeure : pourquoi laisser prospérer nos ennemis quand nous souffrons ? Cf. Jér 8.18-23.
Deux réponses :-

  • 1.12, la raison, c’est le jugement. Pour un temps.
  • 2.1, dans l’absence d’autres réponses, ne pas dire des bêtises, mais prier et attendre. Ne pas mettre Dieu en boîte en voulant tout expliquer.

Cf. Jésus à Gethsémané et sur la croix. Pas de réponse au pourquoi. Mais “Si c’est ton chemin, j’irai”
Accepterons-nous une telle réponse ?

2.1-20
Certitudes

Perplexité devant le mal, 1.13,17. Alors monter dans sa tour de guet.
Le lieu pour fixer nos regards sur le Seigneur, pour observer le monde, pour écouter ce que Dieu dit, d’où parler aux hommes (cf. Es 21.11,12) et où naissent les certitudes. Avons-nous un tel lieu dans notre vie avec Dieu ?

1. Le juste vivra par la foi                       2.4
Que faire quand le monde explose en violence et injustice, que les fondements sont renversés ? Se reposer en la foi. Cf. les chrétiens dans l’antique Rome. Le croyant est comme celui qui voit l’invisible, Hébr 11.27. Le non croyant ne voit que César et ses promesses. Le croyant s’attend à Dieu, cf. Hébr 10.37-39 et tout le chapitre 11. “Il n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder afin de gagner ce qu’il ne peut perdre.”

2. Bien mal acquis ne profite jamais       2.5-20
La réponse, non aux pourquoi, mais en voyant les aboutissements. Cinq malheurs montrent comment Dieu voit l’iniquité des oppresseurs de tous temps.

  • La voracité économique, vv.5-8. A la place de la foi la religion du ‘toujours plus’. Ceux qui dépossèdent les nations faibles et pauvres, qui spolient la terre pour leur propre gloutonnerie. Image terrifiante de notre monde occidental ? Vv.7,8 indiquent l’aboutissement.
  • Le cynisme égoïste, vv.9-11. Penser qu’en volant les autres on peut se garantir contre l’avenir ! Mais “tu as manqué ta vie”, tu as été le fou qui gagne ce qu’il ne peut garder pour perdre à tout jamais son âme.
  • La brutalité politique, vv.12-14. La justice sort du bout d’un fusil. La guerre pour avoir la paix. Mais Dieu voit cela autrement ! Nous attendons un autre royaume et de cela découle une autre conception de la société.
  • Le mépris du prochain, vv.15-17. Pas assez de le voler, il faut l’empoisonner. Cf. l’usage de l’alcool/drogue pour soumettre des populations et le plaisir comme drogue pour faire taire les gens. V.17, cf. les dommages écologiques.
  • L’idolâtrie coupable, vv.18-20. A la place de la foi en Dieu, la religion des choses qui transforme tout à son image. On est ce qu’on adore. Derrière la toute puissance des nations riches et orgueilleuses il n’y a que la faiblesse ridicule des idoles muettes. Notre Dieu tout autre. Il est dans son temple et il viendra.

Nous avons des certitudes, mais pas des réponses à toutes nos questions. Mais le mal ne sévira que pour un temps. Dieu aura le dernier mot. Quel repos !

3.1-19
Confiance

Comment vivre dans un monde qui sacrifie l’homme au profit ? Devant les ravages causés par la violence ? Devant les menaces du jugement de Dieu prêt à fondre sur notre monde ? Devant nos “pourquoi ?” et nos “où es-tu ?” Le juste vivra par la foi et toute injustice sera passée au crible de la justice de Dieu. Toute la terre fera silence devant Dieu.

Comment prier quand notre univers s’écroule et que l’avenir nous effraie ?

1. Peur, désir et compassion        :2
La crainte en lisant l’Apocalypse. Car nous faisons partie de la même humanité.
“J’ai entendu, … j’ai peur.”
C’est normal. Mais ce n’est pas le dernier mot.

“Fais-la vivre, fais-la connaître.”
Un désir profond que l’œuvre de Dieu se fasse dans l’histoire. La peur en même temps que ce désir chez nous comme chez le prophète.
“Souviens-toi.”
Pourquoi ? Parce que la peur reste et nous tenaille. Qui pourra tenir debout quand ce temps arrive ? Cf. David en 2Sam 24.14.

2. Ton Dieu, est-il trop petit ?      :3-15
Les questions du prophète restent insolubles tant qu’il se fixe sur ses problèmes, sur le mal autour de lui, sur la menace de l’Apocalypse annoncée. Mais il se tourne vers Dieu. Ce Dieu qui a parlé autrefois, Dt 33.2, et qui vient.

Notre Dieu souvent trop petit. Nous voyons les problèmes : le monde, l’écologie, les maladies, la violence… Le chant d’Habaquq nous met les idées en place : Dieu règne. Il se lèvera. Il viendra. Le Dieu de la résurrection de Christ, des revirements imprévisibles, qui ouvre un chemin dans la mer, cf. Es 43.2-4. Il n’est pas un petit Seigneur. Cf. Jean devant le Christ en Ap 1.12-18 !

Qui est le plus grand : nos problèmes ou notre Dieu ? Alors, ne pas se sentir obligé à chercher des solutions à court terme (= notre tentation !). Il n'y a pas de solution magique, mais une confiance tranquille : Il est là et il veille sur nous. Il en a les moyens.

3. Confiance jusqu’où ?    :16-19
V.16 = v.2. De nouveau, la peur noue l’estomac. Comment vivre avec une attente si terrifiante de l’avenir ? En faisant comme Habaquq, vv.17-19. Pas une volonté de fer, mais un choix délibéré, v.18. Même si tout déçoit, il ne décevra pas. Il est un fondement solide même quand tout est renversé. Il me fait marcher sur mes hauteurs. Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

Confiance jusqu’où ? Jusqu’à la fin de nos moyens ? De nos prévisions et provisions ? De notre compréhension ?
Rom 8.31-39 !

Car même si le figuier ne devait pas fleurir,
qu’il n’y ait point de vendange dans les vignes,
que la production de l’olivier soit décevante,
que les champs ne donnent pas de nourriture,
que le petit bétail disparaisse de l’enclos,
et qu’il n’y ait point de gros bétail dans les étables,

cependant,

moi j’exulterai en l’Eternel.
Je veux trouver l’allégresse dans le Dieu de mon salut. L’Eternel, mon Seigneur, est ma force,
il rend mes pieds semblables à ceux des biches
et me fait marcher sur les hauteurs.

Habakuk 3.17-19


Il n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)