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Le culte du moi

…et ton prochain comme toi-même.
Mc 12.31. Aujourd’hui, on donne deux sens à cette parole de Jésus. Le sens classique : la considération que l’on donne naturellement à soi-même, il faudrait la manifester aux autres. Jésus ne parle pas ici d’émotion, mais de comportement. Nous devons aimer notre prochain aussi naturellement que nous nous aimons nous-mêmes, le considérer comme Dieu le considère.
Mais aussi un sens moderne : il faut s’aimer soi-même avant de pouvoir aimer son prochain (“L’amour de soi est la condition préalable, et le critère, de notre amour pour le prochain”, J. et C. Poujol). Il est question d’émotion. Il faut s’occuper de soi-même avant de pouvoir s’occuper des autres. Avoir une bonne opinion de soi, se concentrer sur ce qu’il y a de positif (cf. Norman Vincent Peale, 1994, La puissance de la pensée positive. Il a introduit cette nouvelle psychologie dans nos milieux dès 1970.). Un exemple : Neil Anderson, Le Libérateur, p. 46 : je ne suis pas un pécheur sauvé par grâce, mais un saint à qui il arrive encore de pécher (Cf. White, Le monde, 111). Cf. Mt 7.12; Eph 5.29; Gal 2.20.

L’invasion de la psychologie
La religion du psy a envahi le monde chrétien. Tout passe par un langage psy fait d’expériences, de sensations, d’émotions. Au lieu de prôner l’abnégation, le renoncement à soi, il faut se réaliser, s’accepter, s’aimer, se valoriser. Dieu a été détrôné par le moi, et cela jusque dans l’Eglise ! Il faut accepter et respecter les impulsions humaines, plutôt que de les réprimer au nom d’une moralité traditionnelle. Après avoir balayé l’existence d’une vérité absolue (chacun a sa vérité), le champ était libre pour l’introduction de la psychologie humaniste. La psychologie a ainsi contribué “à miner des systèmes d’inhibition encore mal compris mais extrêmement valables pour la société”, D. Campbell, prés. de l’Ass. Amér. de Psy., cité par White, 109.

D’où vient la réussite de cette invasion ?

  • Un enseignement biblique superficiel et disparate, d’où une grande ignorance spirituelle.
  • Un arrière-plan légaliste dont la psy promet de nous libérer.
  • Une vague de livres et de conférences basés presque totalement sur l’expérience, le vécu, et un désintéressement pour le reste de l’enseignement biblique. Lié à l’utilitarisme : si ça marche, ça doit être bon.
  • L’attraction d’une conception qui nous permet de nous concentrer sur nous-mêmes. Le bon vieux péché d’orgueil dans un nouveau manteau !

Un des résultats est que nous ne pratiquons plus la ‘cure d’âme’, mais la ‘relation d’aide’. On ne soigne pas, on ne veut pas conduire vers un changement moral, mais on cherche à gagner en maturité à partir des potentialités déjà existantes en soi (Dejardin, FAC-Réflexion 37). On prône la guérison des souvenirs, plutôt que la confession des péchés.
A cause de cet état d’esprit, le nombre de personnalités “fragiles” ne cesse de croître, y compris dans nos églises. L’égoïsme engendre le déséquilibre. L’humanisme est dénué de vraies réponses.

Notre identité
Qui sommes-nous ? La Bible ne se préoccupe pas outre mesure de cette question.
Ps 8.5-7 : notre petitesse et notre grandeur, cf. Ps 139.13-18.
Ps 51.3-14 : notre état de rébellion et de péché qui nous conduit inexorablement à des attitudes et des actes qui nous détruisent, cf. Ps 32.1-5.
Rom 12.3, une appréciation de soi réaliste. Tôt ou tard, celle-ci doit tenir compte du péché et conduire à la repentance et la croix. “C’est en désespérant de nous-mêmes que nous recevrons tout de la Grâce de Dieu.” (Dejardin)
Le culte du moi commence dès la rébellion dans le Jardin d’Eden, cf. Gen 3.7-10, 22-24. Notre vraie identité tient de notre création à l’image de Dieu. Ainsi, “L’homme ne peut se connaître en dehors de la connaissance que Dieu lui donne de lui-même. Ce n’est qu’en connaissant Christ que je puis me connaître et être revêtu d’une nature nouvelle.” (Dejardin, citant Calvin)
L’amour de soi conduit à l’hédonisme : c’est une impasse. La croix nous réveille à l’amour de Dieu et des autres (cf. White 114). Notre plus grand besoin n’est pas notre estime de soi et notre satisfaction, mais notre oubli de soi et notre crucifixion, Gal 2.20; 1Cor 15.8-10. Cf. le fils prodigue. Cf. le développement de Paul en 2Cor 4.7-5.21. Ne pas avoir des attentes irréalistes de la vie. Utiliser les remèdes bibliques contre la déprime.

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Il n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)