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3. La Bible : comment l’interpréter ?

La question de l’herméneutique

Peut-on faire dire à la Bible ce qu’on veut ? Oui et non. Cela dépend selon quelles règles vous l’interprétez. Qui détermine ces règles ? Ce sont en grande partie les règles de base de toute interprétation littéraire. Cependant, il y a une différence d’appréciation très notoire entre l’Eglise catholique et les églises issues de la Réforme. Notons que les sectes sont très proches dans ce domaine de la façon catholique de voir la chose.

L’opposition entre Catholiques et Protestants
Selon le Catéchisme de l’Eglise Catholique, la situation est la suivante : “La charge d'interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l'Eglise...” Cette charge appartient aux évêques en communion avec le successeur de Pierre, l'évêque de Rome, selon la formule consacrée, §85. Le Magistère se place-t-il alors au-dessus de la Parole de Dieu ? Non, dit le §86, mais il la sert. Ce service à la Bible doit toutefois être reçu avec docilité par les fidèles. Le §87 porte à cet endroit un renvoi au §1548 qui rappelle l'autorité du prêtre qui agit en la personne du Christ. Cette docilité est alors due non seulement aux évêques, mais aux prêtres. Il ne s'agit pas pour les fidèles de discuter et de contester cet enseignement suivant leur propre lecture de la Bible, mais de se plier et de donner à cet enseignement “l'assentiment religieux de leur esprit”, §892. Après tout, n'a-t-on pas vu se multiplier des mouvements fanatiques, “illuminés”, anarchisants là où on a voulu détacher la Bible de l'Eglise catholique ? Et qui pourrait prétendre discerner dans la Tradition tout seul les expressions fidèles et celles qui ne le seraient pas ? Le danger est donc grand et les raisons pour faire confiance au Magistère sont nombreuses et impérieuses. (…)
L'Eglise atteint le “degré suprême dans la participation à l'autorité du Christ” à cause du charisme de l'infaillibilité. Il n'est alors pas étonnant qu'il existe un devoir d'obéissance, un devoir de docilité, §2037. Il ne convient pas, dit le §2039, d'opposer la conscience personnelle et la raison (...) au Magistère de l'Eglise. Après tout, celle-ci agit en tout par sollicitude maternelle et doit donc pouvoir s'attendre à un véritable esprit filial à son égard de la part des chrétiens, §2040.
Où réside l'autorité finale dans l'Eglise ? Est-ce la Bible par l'Eglise et donc soumise à elle ou est-ce que l'Eglise se doit d'être soumise à la parole de Dieu telle qu'elle nous vient à travers la Bible ? Si c'est cela, et nous le croyons avec l'Eglise Primitive, alors, il nous faut soumettre toute doctrine d'Eglise à cette Parole.

Les règles de base

  • Respecter le contexte historique. Donc essayer de se mettre dans la peau des premiers lecteurs. La Bible est un livre historique, contrairement au Coran, par exemple. Cela peut nous aider dans un texte comme 1Cor 11.1-16.
  • Respecter l’intégrité du texte. Ne pas sortir un texte hors de son contexte sans le soin le plus grand. C’est le problème des sectes. Cf. 1Cor 7.1 ! Il nous faut aussi respecter la grammaire, le style, par exemple, pour discerner ce qui est langage imagé.
  • Respecter l’harmonie de la Bible. Donc, la lire toute entière et de manière systématique. L’interprétation d’un texte ne peut pas être pris en défaut par un autre texte. Et l’enseignement clair de certains textes l’emporte sur l’enseignement peu clair de certains textes obscurs. Cf. les textes catholiques sur la papauté et Marie ou la pratique mormone de se faire baptiser pour les générations antérieures.
  • Chercher un juste milieu entre l’indépendance et la dépendance. Nous ne sommes pas les premiers à interpréter la Bible. Mais nous ne sommes pas non plus les esclaves des autres. Il faut de toute façon chercher toujours à nouveau ce que le texte veut dire pour nous aujourd’hui. Sachons apprécier ceux qui ont voulu faire cela avant nous.
  • Chercher l’avis de l’Auteur divin. Prier, c’est élémentaire…, mais on peut l’oublier si facilement. Cela implique aussi qu’on ne peut jamais se contenter d’une explication théorique. Il faut appliquer l’enseignement, Mt 7.24-27. N’oublions pas ce qui constitue le message central de toute la Bible que résume si bien Tt 3.3-7.

L’importance pour la foi et l’éthique

Aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes attaqués de tout côté dans ce domaine de l’herméneutique. Cf. les questions suivantes et leur rapport à ce qui précède :

  • Jésus, est-il vraiment ressuscité ?
  • Sa mort, un exemple ou une propitiation ?
  • Est-il vraiment né d’une vierge ?
  • Comment sommes-nous sauvés ? N’y a-t-il pas plusieurs chemins de salut ?
  • Peut-on accepter l’avortement ?
  • Aujourd’hui, ne doit-on pas permettre le mariage homosexuel ? Un pasteur homosexuel ?
  • Pour aimer mon prochain, ne dois-je pas d’abord m’aimer moi-même ?
  • L’amour, n’exige-t-il pas l’euthanasie par compassion ?
  • Ne faut-il pas se soumettre aux autorités en toute chose ?

Tout cela dépend de notre interprétation des Ecritures. Mieux vaut donc savoir comment s’y prendre ! Notons que l’interprétation dépendra en bonne partie de notre compréhension de l’inspiration.


Il n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)