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2. La Bible : comment nous est-elle parvenue ?

Le développement du texte

Le Canon
Pour l’AT, c’est le peuple Juif qui va écrire et rassembler les écrits sacrés. On a probablement toujours écrit, dès les débuts de la Genèse. Il y a donc des compilateurs, comme Moïse et Esdras qui en sont les principaux. Mais ils se servent de ce qui existait avant eux. Tous ces livres ont circulé séparément. (Le livre unique qui rassemble le tout devient seulement faisable et rentable après l’invention de l’imprimerie !) Mais les synagogues après Esdras vont rassembler les rouleaux, en général en les copiant. Ce sera après 70, à Jamnia près de Jaffa, qu’on va établir un canon qui fait autorité. Pour cela, les rabbins (cf. Rom 3.2 et Mt 23.2) ne retiennent que les livres liés à un prophète reconnu (Esther et Ec donnent lieu à des hésitations). Pourquoi refuse-t-on les livres plus récents (les apocryphes) ? Parce que l’ère prophétique est révolu avec Malachie (comme le reconnaît le livre des Maccabées, 1Macc 9.27; 14.41). On regroupera les livres de façon variable, parfois on en a 22 (= alphabet hébreu) en mettant les 12 petits prophètes ensemble etc. Mais l’AT est identique à celui de nos Bibles protestantes. Ce canon était sans doute celui de Jésus, selon Mt 23.35 (citation de 2Chr 24, dernier meurtre de la Bible juive).
Pour le NT, c’est un peu semblable en considérant que le rôle des prophètes est ici tenu par les apôtres. On rassemblera assez vite les lettres de Paul (cf. Col 4.16; par Timothée), les évangiles commencent à circuler (dès ± 130, Jn circule au sud de l’Egypte –papyrus découvert vers 1917– soit ± 40 ans après sa rédaction à Ephèse !) Dès 115, pour Ignace d’Antioche, “l’Evangile” signifie le recueil des 4 évangiles). La liste définitive au plus tard en 367, Athanase.

La transmission des écrits de l’Antiquité

Auteur
Date de l'original
Date de la copie
Nombre de copies
Ecart entre la copie et l'original
César (Guerre des Gaules)
58-50 avant Christ
900
10
950 ans
Tacite (Annales)
100 AD
1000
2
900 ans
Pline le Jeune (Histoire)
100 AD
850
7
750 ans
Suétone (Vie des Césars)
150 AD
950
8
800 ans
Aristote
325 avant Christ
1100
5 (max.)
1400 ans
Hérodote (Histoire)
425 avant Christ
900
8
1300 ans
Thucydide (Histoire)
425 avant Christ
900
8
1300 ans
Sophocle (Tragédies)
425 avant Christ
1000
100
1400 ans
Ancien Testament :
Texte hébraïque classique
1500 à 400 avant Christ
900
Travail des massorètes
1300 ans
Texte Esaïe Mer Morte
675 avant Christ
125
Manuscrit de la Mer Morte
550 ans
Texte grec (LXX)
250 avant Christ
350
600 ans
Nouveau Testament :
40-95 AD
125-1000
5000
35 ans
(moyenne = 175 ans)

La fiabilité du texte de l’Ancien Testament

Comment faisait-on une copie de rouleau ? Important, car détérioration facile par l’usure du temps. Un rouleau endommagé était écarté, gardé dans la Ghéniza de la synagogue. Quand celle-ci était remplie, on les enterrait. En plus, les problèmes de la persécution. De ce fait, on a trouvé que peu de copies.
Mais les copies étaient rigoureusement vérifiées :

  • Nombre de fois que chaque lettre figure dans le livre.
  • La lettre du milieu du livre, du Pentateuque et de l’AT.

Un grand nombre de calculs pour que pas un iota ou trait de lettre de la Loi ne soit perdu. Si la copie avait une seule erreur, elle était détruite.
En 1947, découverte des Mss de la Mer Morte (probablement des rouleaux venant de Jérusalem et cachés ici à cause de la Guerre des Juifs). Exemples : rouleau de Lévitique 17-26, daté du VIe ou VIIe siècle avant Christ !, rouleau complet d’Esaïe (66 chapitres), à 95% identique au texte de 900. Les 5% de variations sont la plupart des fois dus au changement d’orthographe. Et cela sur une différence de plus de 1000 ans !
Attention aux raisonnements modernes du genre : la prophétie est impossible, donc toute prophétie doit être datée après sa réalisation !

La fiabilité du texte du Nouveau Testament

Voir notamment : FF BRUCE, Les documents du Nouveau Testament, peut-on s’y fier ? Fontenay-sous-Bois : Farel, 1974.

Problèmes de transmission :
Illisibilité, addition dans la marge, scriptio continua, homoioteleuton (on saute une ou plusieurs lignes), problèmes de dictée (nous et vous en grec finissent par être prononcés pareillement).
Comment remonter à l’original ?
Inventaire, classification (familles de texte), élimination (discerner le manuscrit mère et les manuscrits dépendants)
Les meilleurs manuscrits = les plus anciens, ou ceux copiés avec plus de soin sur un meilleur manuscrit mère ?

Copistes bèta et gamma représentent deux groupes, familles, de mss distincts, dont dépendront bien sûr les mss copiés sur eux. En comparant et en analysant les différences, on peut remonter avec plus ou moins d’assurance vers l’original. Cela dépendra de la quantité, de la qualité et de l’ancienneté des mss retrouvés.

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Il n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)