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“L’avortement post-natal”

un nouveau-né ne serait pas (encore) une personne ...

 

On pourrait penser que la dernière idée du Journal anglais d’éthique médicale[1] soit une parodie pour prouver l’absurdité logique de ceux qui justifient l’avortement. Mais le raisonnement est aussi sérieux que mortel. Deux professionnels de l’éthique expliquent dans un article (“Avortement post-natal : pourquoi le bébé devrait-il vivre ?”) qu’il n’y a pas de différence logique entre l’avortement d’un bébé avant la naissance et le meurtre d’un nouveau-né. Sauf qu’ils n’appellent pas cela un meurtre parce qu’ils ne croient pas que des nouveau-nés soient vraiment des personnes.

Tandis que nous disons que des fœtus (et des embryons aussi, mais c’est là une autre discussion) et des nouveau-nés devraient recevoir la même protection, Alberto Giubilini (Milan) et Francesca Minerva (Melbourne, Oxford) raisonnent que des fœtus et des nouveau-nés devraient bénéficier de la même absence de protection. Les auteurs admettent qu’un fœtus est aussi humain qu’un nouveau-né, mais ils redéfinissent la personne comme quelqu’un qui est conscient de sa propre existence. Ainsi, ils comptent “beaucoup d’animaux non-humains et des individus humains retardés mentalement” comme des personnes, mais ils excluent les nouveau-nés parce qu’ils n’ont pas atteint un “niveau de développement mental” apte à apprécier leur propre existence. Selon eux, “être seulement humain n’est pas en soi une raison pour attribuer à quelqu’un un droit de vivre”. Seule “une vraie personne” possède un “droit de vivre”.

Ensuite, ils définissent le fait de faire du mal. C’est priver une personne de quelque chose que celle-ci valorise. Puisque ni un fœtus, ni un nouveau-né ne peuvent valoriser la vie, il n’y a pas de raison morale pour interdire l’avortement ou l’infanticide. Ils écrivent : “Puisque des non-personnes n’ont pas un droit moral à la vie, il n’y a pas de raison de bannir des avortements post-naissance[2].”

Que pourraient être les raisons valables pour tuer un bébé ? Selon les auteurs, même un enfant en bonne santé peut constituer un fardeau. Ainsi, “si des circonstances économiques, sociales ou psychologiques changent de telle façon que prendre soin d’une progéniture devient un fardeau insupportable pour quelqu’un, alors les gens devraient avoir la possibilité de ne pas être forcés à faire quelque chose en dehors de leurs moyens.” Et l’adoption ? Selon les auteurs, cela n’est pas une bonne options pour beaucoup, parce que “la mère … pourrait souffrir une détresse psychologique si elle abandonne son enfant en vue d’être adopté.” En résumé, disent-ils, “Peu importe la faiblesse des intérêts de gens réels, ils pèsent toujours plus lourds que les intérêts suggérés de gens potentiels.”

Selon les auteurs, tuer un nouveau-né n’est pas de l’euthanasie. Après tout, “tuer par compassion” est une chose pleine de compassion pour l’individu qu’on tue, tandis que “l’avortement post-natal” ne peut être compatissant que pour les parents ou la société. Que l’infanticide soit compatissant ou non pour le bébé n’est pas pertinent. Ils soulignent la différence en notant qu’un enfant trisomique peut avoir une vie heureuse et acceptable, tout en étant “un fardeau insupportable pour la famille et pour la société.”

Giublini n’ignore pas le sujet de l’euthanasie; seulement cela n’entre pas en ligne de compte ici. Récemment, lorsqu’il parlait au Collège St John, il raisonnait qu’il n’y a “pas de raison morale juste contre l’euthanasie.”[3]

La vie humaine est un continuum qui commence avec la formation d’une zygote lors de la fertilisation et qui continue sans interruption jusqu’à la mort. Nous attribuons des noms aux stades différents de ce continuum —œuf, embryon, fœtus, nouveau-né, enfant, adolescent, vous, votre grand-mère, etc.— mais il n’y a pas de différence logique entre la destruction volontaire d’une personne humaine à un stade plutôt qu’un autre. Ce que disent ces soi-disant experts en éthique n’a rien de nouveau. Francis Crick, qui a découvert la double hélice de l’ADN avec Watson, avait dit en son temps qu’un enfant ne devrait pas être considéré “humain” jusqu’à trois jours après la naissance.[4]

[…]

Un raisonnement similaire —“nous devrions avoir de la sympathie pour les demandes lourdes de la grossesse et de la naissance” et, comme l’exprime l’éthicien Peter Singer de Princeton, “il n’y a pas de distinction exacte entre le fœtus et le nouveau-né”— fut avancé récemment par un juge canadien afin de justifier l’acquittement d’une femme accusée d’avoir étranglé son bébé nouveau-né et de l’avoir jeté par-dessus une clôture.[5] Le monde a-t-il besoin de plus de professionnels pour développer des arguments qui justifient un tel comportement barbare ?

En distinguant entre une personne et un être humain, ces auteurs, comme des magiciens habiles, nous distraient de la vraie question. Le National Catholic Register résume ainsi leur tactique :

Le moment où nous nous permettons de devenir les arbitres de la question qui est humain et qui ne l’est pas, nous arrivons à la fin calamiteuse et inévitable. Une fois qu’on dit que la vie humaine n’est pas sacrée, le reste n’a plus d’importance.

Le travail d’un éthicien ressemble à celui d’un magicien. Dans les deux cas, on détourne votre attention d’une évidence. Le magicien se sert pour cela de sa dextérité pour faire croire que des gens disparaissent. Mais lors qu’un éthicien entre en action, les gens disparaissent pour du vrai.[6]

La vraie question ici n’est pas : “Quand un être humain devient-il une personne avec des droits ?”, mais plutôt : “Qui établit les règles ?” Qui décide ce qui est “éthique” ou ce qui constitue un “droit” ? Ces éthiciens raisonnent que ce qui est “éthique” c’est ce qui avantage même les “besoins” les plus insignifiants de la société ou de “vraies personnes” par rapport à ceux qui ne peuvent comprendre qu’on est en train de leur ôter la vie. Cependant, ce qu’ils appellent un critère n’est autre qu’une simple opinion.

A moins de dériver d’une source de vérité qui dépasse les hommes, les jugements moraux d’une personne n’ont pas plus de valeur que ceux d’un autre. Dieu seul, lui qui a créé les hommes, détient une autorité morale sur l’ensemble de l’humanité. Ce qu’il en dit dans le rapport de la Création tel qu’il nous est conservé dans la Bible correspond à ce que nous voyons dans le monde physique et cela valide son autorité sur l’humanité et son droit d’établir nos valeurs.

Dieu a fait l’homme à son image. Tous les êtres humains ont donc une valeur égale à ses yeux, peu importe s’ils comprennent ou non la valeur de leurs vies. Les vies des nouveau-nés comme de ceux qui ne sont pas encore nés, les vies des embryons humains aux laboratoires, les vies des faibles et des sans secours, toutes ont une valeur parce que Dieu a créé les humains à son image. En Gen 9.6, Dieu explique pourquoi il proscrit le meurtre : c’est parce que l’homme a été fait à son image : Celui qui verse le sang de l’homme Par l’homme son sang sera versé. Car Dieu a fait l’homme à son image. Dieu nous ordonne de ne pas commettre de meurtre (Ex 20.13) et de défendre “ceux qui ne peuvent parler” et qui sont sur le point d’être délaissés, les “vaincus du sort” (Pr 31.8,9).

Comme beaucoup d’autres, nous sommes horrifiés devant cette justification logique de l’infanticide. Mais la plupart de ceux qui sont en faveur de l’avortement ne penseraient pas à tuer un nouveau-né. Ils devront cependant considérer avec soin les arguments de ces auteurs. Nous espérons que parmi eux beaucoup se laisseront réveiller par leur répulsion de l’infanticide à la réalité logique de ce qu’ils soutiennent et se mettront à regarder l’enfant non encore né comme une personne sans défense, créée à l’image de Dieu, et non comme une chose biologique à être éliminée.

 

Suite aux réactions violentes, Minerva a exprimé sa surprise devant les réactions négatives et maintient que l’article a été cité hors de son contexte académique et théorique. Elle a dit : “J’aimerais pouvoir expliquer aux gens que ceci ne reflète pas une politique, et que je ne suggère ni n’encourage ceci.”

Bien que nous sommes d’accord que la seule différence entre un bébé avant et après la naissance est “une différence de géographie”, le raisonnement détaillé avancé par Minerva et Giubilini pour redéfinir un bébé humain comme une non-personne et le priver ainsi de tout droit à la vie constitue une affirmation éthique dangereuse. Les mots ont des conséquences. Ces mots-ci ont été publiés dans un journal d’éthique réputé. Il n’y avait aucun avertissement de l’ordre de : “Ceci n’est qu’une théorie qui a pour but de rappeler l’absurdité des avortements tardifs” ou : “Ceci n’est qu’une discussion académique qui a pour but de provoquer la réflexion en vue de changer notre approche”. Bien au contraire. La seule limite que les auteurs s’étaient imposés dans leur article était d’offrir un jugement concernant l’âge auquel un bébé devient une personne. Et ces mots peuvent être utilisés par des gens peu scrupuleux, ou par ceux qu’une majorité parmi nous regarderaient comme non civilisés, peu importe nos convictions religieuses, afin de rendre plus glissante encore la pente qui mène à une fin aussi affreuse.

Dr. Elizabeth Mitchell

Source: http://www.answersingenesis.org/articles/2012/03/03/news-to-note-03032012

Voir aussi : http://www.dailymail.co.uk/news/article-2108433/Doctors-right-kill-unwanted-disabled-babies-birth-real-person-claims-Oxford-academic.html



[2] Notons le glissement du langage: un meurtre devient un avortement post-natal. D’un IVG on passerait à l’IVV (interruption volontaire de la vie). Cela sonne tellement inoffensif … (EE)

[4] Blocher, Mark. 1992. Vital Signs, p. 91. Chicago: Moody Press [On peut trouver des extraits, en Anglais, de ce livre ici : http://logosresourcepages.org/Believers/infanticide.htm. EE] [Voici les déclarations de Watson et de Crick telles que je les avais trouvées en son temps à la Cité des Sciences (La Villette, Paris). James Watson dit ceci, en 1973 : “Si un enfant n’est pas déclaré vivant jusqu’à trois jours après la naissance, alors tous les parents auraient le choix accordé maintenant seulement à quelques-uns. Le médecin pourrait permettre à l’enfant de mourir si les parents le décident ainsi et épargner beaucoup de misère et de souffrance. Je crois que cette vue est la seule attitude qui soit rationnelle et compatissante.” (May 1973, Prism, AMA Socio Economic Journal) Francis Crick dit ceci en 1978 : “Aucun enfant nouveau-né ne devrait être déclaré humain jusqu’à ce qu’il a passé certains tests concernant son avoir génétique et que s’il ne passe pas ces tests, il perd le droit de vivre.” (January 1978, Pacific News Service) Cf. aussi cette citation de Michael Tooley, bioéthicien, en 1987 : “Puisque qu’il est à peu près certain qu’un enfant à ce stade de développement ne possède pas le concept d’un moi qui existe et qu’ainsi, il ne possède pas un droit sérieux à la vie, il y a une excellente raison à croire que l’infanticide est moralement permissible dans la plupart des cas où il est souhaitable pour différentes raisons.” L’humanisme n’est pas un fruit qui pousse sur le sol du matérialisme. Il ne pousse que sur l’arbre de la foi Judéo-chrétienne. Quand on tourne le dos à cela, comme c’est le cas de ces deux prix Nobel, la compassion et la rationalité changent de définition et l’humanisme se meurt. EE]

 


Il n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)