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Haïti
Nouvelles récentes

En haut de page, une réflexion du pasteur Doulière et le témoignage de Gaston Jean, tous les deux reproduits dans L’Appel de la Côte d’Ivoire et du Haït du deuxième trimestre 2010. Après cela, les différentes nouvelles telles que reçues au fur et à mesure.

En bas de page les toutes dernières nouvelles (01/03/10)
Pou
r l’arrière-plan général du pays, voir l’excellent article sur Wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Haïti).
L’article suivant, en Anglais, donne un peu plus de détail sur l’allégation de Pat Robertson
que l’île a été vouée au diable :
http://blog.christianhistory.net/2010/01/haiti_a_brief_religious_histor.html

Avertissement et chance

... c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées. Jn 9.3

Beaucoup ignorent que le peuple haïtien est extrêmement religieux. L’an dernier, sur la route par laquelle on me conduisait à un lieu de culte, pratiquement à la campagne, j’ai compté 4 églises protestantes sur moins de 500 mètres. On trouve en effet de nombreux lieux de culte en Haïti, souvent très vastes. Or, le dimanche matin, ils sont pleins. Plus d’1 habitant sur 3 se dit “évangélique” et fréquente les réunions.

Il est impressionnant de pouvoir commenter l’Ecriture sainte à plusieurs milliers de personnes à la fois. Bien sûr, toutes ces personnes ne sont pas nées d’en haut. Il y a des “conversions” qui ne sont que de la tête ou qui ne sont qu’adhésions à une communauté. Mais quel privilège que de pouvoir leur faire entendre la Bonne Nouvelle dimanche après dimanche !

Ils sont nombreux, en Haïti, qui, à l’occasion du séisme, ont fait la preuve, au milieu des ruines, de la réalité de leur foi, chantant ou priant, la nuit, sous les étoiles. Ils ne cherchaient leur secours qu’auprès de Dieu ! Pour nous compter parmi ses enfants, Dieu ne nous demande pas la perfection. Même si c’est l’objectif qu’il veut accomplir en nous, dans son immense tendresse, il est prêt à saisir la moindre velléité de confiance pour la regarder comme justice. Bénissons donc notre Seigneur pour nos nombreux frères de ce pays.

Certains d’entre eux ont considéré le drame comme un châtiment. Nous ne le pensons pas. Il me semble qu’il faut y voir à la fois un avertissement et une chance. Luc, on le sait, mentionne comment quelques personnes avaient rapporté à Jésus ce qui était arrivé à des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices. (Luc 13.1-5) Ils s’attendaient sans doute à ce que Jésus réponde en stigmatisant leur culpabilité. Jésus dut les surprendre. Non, leur dit-il, ce n’est pas qu’ils aient été de plus grands pécheurs que les autres. Et de mentionner le cas de 18 autres sur qui était tombée une tour pour conclure de la même manière et avec le même avertissement. L’accident ne signifiait pas que ces habitants de Jérusalem fussent plus coupables que les autres. Mais si ses interlocuteurs n’en tiraient pas leçon pour se repentir, ils périraient eux aussi et tout aussi sûrement. Tout drame doit servir de leçon et nous pousser à nous interroger sur notre relation de foi avec le Créateur. C’est vrai pour nous de ce qui est arrivé à la région de Port-au-Prince. Mais ce n’est pas non plus le dernier mot. Les Juifs voyaient aisément une relation entre malheur et culpabilité. De là la question des apôtres à propos d’un aveugle-né. Ils demandèrent : Est-ce lui qui a péché ou ses parents ? Jésus écarta pareillement leur raisonnement pour présenter l’infirmité comme une chance : ce n ‘est pas que lui ou ses parents aient péché, mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. (Jn 9.1-3)

Sans doute difficile à comprendre. Pourtant la preuve en a été faite. Même les journalistes, souvent si prêts à se moquer de la foi, ont été contraints de signaler ce que l’attitude des chrétiens haïtiens a eu (et a encore) de surprenant. On n’a pas vu s’exprimer la révolte, pas même l’incompréhension. Mais un vent de prières au sein même des ruines, pour réclamer le secours divin et même lui rendre grâces pour les vies épargnées. Ainsi, la gloire de Dieu fut manifestée au cœur de l’épreuve.

J’ai parié de chance. Quiconque connaît depuis longtemps la situation d’Haïti éprouve probablement le même espoir. Haïti doit penser à reconstruire. Or, il peut reconstruire autrement dans les divers domaines de son existence. Il peut, en ce sens, saisir sa chance. L’aide internationale particulièrement généreuse pourrait, en retour, imposer le rejet de la corruption qui la gangrène depuis si longtemps. L’obligation de raser d’immenses quartiers peut fournir la possibilité de rejeter les constructions anarchiques. Le système scolaire est pratiquement réduit à zéro. La nouvelle situation oblige à le repenser. Enfin, la nécessité de s’entraider peut gommer les écarts sociaux si profonds, redonner le sens de la dignité du travail manuel.

Nous les avons aidés et il est indispensable que nous continuions de le faire. Mais il nous faut aussi (peut-être surtout) continuer de les porter dans la prière et, dans toute la mesure du possible, de considérer leur pays comme un champ missionnaire. Dans le passé, nous avons été présents pour exploiter la terre et les Africains importés comme main d’œuvre. N’est-ce pas simple justice, aujourd’hui, de leur venir en aide ?

Aucune transformation n’est facile. Prions Dieu d’aider les Haïtiens à se reconstruire en même temps qu’ils rebâtiront leur pays... sans oublier notre propre besoin de conversion. Et apprenons d’eux le sens de la reconnaissance et, de la part de tant d’entre eux, celui de la joie de vivre même dans le plus complet dénuement.

Richard Doulière

Haïti, notre Dieu est fidèle

moignage de Gaston JEAN, actuel Directeur Administratif de l’UEBH, organisation partenaire de la Mission Biblique en Haïti.

C’est extraordinaire de voir comment Dieu agit parmi les fils des hommes. Ce jour inoubliable du 12 janvier 2010, j’ai pu voir la main de Dieu agir afin de nous protéger, ma famille et moi, contre ce danger sans précédent.

Ce jour-là, ma femme avait insisté pour que je quitte le bureau à 16h afin de passer la prendre à son bureau pour visiter une amie à l’hôpital. Cette petite contrainte qu’elle m’avait imposée avait un peu bousculé mon planning car je prévoyais de travailler tard ce jour-là. Pour lui faire plaisir, j’ai donc quitté le bureau à 16h. En montant à Pétion Ville, nous sommes passés au supermarché le plus grand du pays pour apporter des provisions à la malade. En général, quand ma femme est au supermarché, elle en profite pour faire des provisions pour la maison, mais ce jour-là, rien ne l’intéressait sinon les quelques produits qu’elle voulait apporter à cette sœur. Je peux vous garantir que c’est la première fois que je vois ma femme quitter aussi vite un supermarché car elle est toujours en quête des soldes.

Deux minutes après avoir laissé le Carribean Supermarket, nous avons senti que la voiture se déplaçait toute seule et on a vite compris qu’il s’agissait d’un tremblement de terre. Ma femme et moi nous sommes mis en prière, les mains élevées vers le ciel, pour implorer la faveur de Dieu afin qu’il amoindrisse les dégâts et qu’il épargne notre famille et le plus de gens possible. Le grand supermarché dans lequel nous étions n’a pas mis une minute après le début du tremblement de terre pour s’effondrer, et pratiquement tous les gens qui faisaient des emplettes à l’intérieur sont morts. Des amis rencontrés avant d’entrer dans le magasin ont répandu le bruit que nous étions morts, car personne ne pouvait croire que nous y étions restés aussi peu de temps.

Nous nous sommes rendus compte que Dieu avait tout planifié pour nous : notre dévotion familiale du matin qui avait duré plus que d’ordinaire, l’insistance de ma femme pour que je rentre du travail plus tôt que prévu (les murs de mon bureau se sont effondrés sur ma chaise et mon bureau!), cet empressement à quitter si vite le supermarché alors qu’en fait rien n’était si pressant...

Je n’ai qu’une expression sur les lèvres : Notre Dieu est fidèle. Il a exercé sa fidélité envers nous.

Je me remémore le témoignage d’une amie qui, elle aussi, allait entrer dans le supermarché quand son téléphone s’est mis à sonner; elle s’est alors attardée sur le parking pour prendre la communication et, quelques minutes plus tard, elle s’est retrouvée devant un tas de ruines : tout s’était écroulé.

Un jeune couple, qui venait de se marier un mois plus tôt, était venu assister au culte du soir de de l’Eglise Baptiste Evangélique de Pétion-Ville, une église de l’UEBH. Ils étaient au second étage et la partie ouest du temple s’est complètement effondrée sous eux : ils ont vu une masse de béton se pulvériser littéralement sous leurs pieds et ils ont été projetés dans le vide. Ils ont atterri sur le toit d’une maison située à proximité de l’église. Dieu les a sauvés : ils ont été blessés, certes, mais notre Dieu fidèle leur a épargné la vie.

Un fait qui me restera toujours en mémoire, c’est celui de voir tous les Haïtiens, quelle que soit leur croyance, invoquer le nom de Jésus, car durant toute la soirée du 12 janvier, des répliques assez fortes se sont fait sentir. Un hougan, qui est un prêtre du vaudou, a donné ce soir-là un grand coup de pied à ses talismans pour leur demander en fait à quoi ils servaient, puis il est sorti dans la rue implorer la grâce divine.

Nous sommes conscients que, nous qui sommes encore vivants, nous sommes des miraculés et que nous avons l’obligation renouvelée de dire aux autres que Jésus les aime, que dans les moments de troubles que nous vivons, il est la seule référence sûre.

Gaston JEAN
30 janvier 2010

Haïti, mail RichardDoulière du 13 janvier 2010

Chers Amis,

Vous avez sans doute l’essentiel des nouvelles par les médias. Je ne sais rien de plus sur la situation générale de la ville; par contre, des nouvelles me sont parvenues relativement à Bolosse, le lieu où sont implantés le Séminaire de Théologie, l’église construite par Pain aux Hommes, une clinique et l’école Maranatha (toutes les classes jusqu’à la Terminale). Les nouvelles concernent uniquement les bureaux de la mission et le séminaire. Elles proviennent du couple de David Schmid, seul couple américain (Mission UFM) encore présent sur place. Le séisme s’est déclenché tandis que les étudiants (+ ou - 150) étaient en cours. Or, le bâtiment où se trouvent les bureaux de la mission et des salles de classe s’est effondré. Tous les étudiants au moment de l’envoi des nouvelles étaient dehors sur la pelouse, fortement ébranlés. David Schmid et Bruce (autre américain) avec u ne équipe d’étudiants s’efforçaient de dégager deux étudiants qui, malheureusement, ne donnaient aucun signe de vie sous les ruines.

Les maisons ‘individuelles’ (parfois partagées par deux ou trois familles) où logent missionnaires et pasteurs (enseignant au STEP) sont demeurées debout, mais devenues dangereuses de telle sorte que étudiants et professeurs se préparaient à dormir dehors. Dans u n sens, ils sont encore privilégiés car il y a des pelouses sur les lieux. Penser à) ce que doit être la situation en ville donne le vertige. David Schmid dit aussi que Carrefour, un quartier important au sud ouest est  complètement sens dessus dessous (skamblers). C’est  non loin de là que se trouve Radio Lumière à quelque 5 km à peine de l’épicentre du séisme.  Les Schmid étaient sans doute trop occupé à aider les étudiants pour avoir pu se rendre compte de la situation du collège Maranatha ou du temple. et de la clinique.

Au moins, pour le collège, les classes devaient être vides à cette heure-là.

Aux Cayes, la situation n’est pas trop mauvaise. Un seul bâtiment de la ville a été endommagé et l’Institut Biblique Lumière n’a pas été endommagé.

C’est tout ce que je puis vous communiquer pour le moment. Eau, électricité gaz sont devenus inexistant et internet est perturbé. Il est donc difficile d’en savoir plus.

 Continuons de prier. Cette catastrophe peut, par la grâce de Dieu, être le moyen de faire émerger une Haïti différente.  Notre prière a son rôle à y jouer.

Richard

 

Mail du 20 janvier 2010

Voici les toute dernières nouvelles que j’ai reçues depuis hier. Il faut ajouter que Haïti vient d’être frappée d’un nouveau séisme de magnitude 6,1 ce qui porte les répliques à 50 depuis le 12 janvier.

Peut-être ne pourrais-je pas continuer à vous donner aussi régulièrement les nouvelles, car mes autres responsabilités en souffrent. Toutefois je tâcherai de faire connaître ce qui sera important.

Merci à tous pour votre intérêt en faveur de Haïti et pour vos prières.

Fraternellement,
Richard.

Nouvelles collectées le 20 janvier

Pour ceux qui n’ont pas peur des chiffres (forcément approximatifs), on peut mentionner aujourd’hui 75000 corps enterrés sur un total probable de 150 000 à 200.000 morts.

Sur les 3 millions de personnes touchées par le séisme, 300 000 seraient sans abri, selon les Nations Unies. 1 million de personnes auraient besoin d’un abri d’urgence.

Il était prévu que soient ouverts dès lundi 280 centres d’urgence.

Léogane, pour sa part compterait déjà 3000 morts et 5000 disparus. Jacmel détruit à 50 % n’a pas encore pu bénéficier des secours.

Grâce aux 1739 sauveteurs qualifiés et aux 161 chiens, un minimum de 121 personnes ensevelies ont pu être arrachées aux ruines (dont, à Jacmel, aujourd’hui, un  bébé de 23 jours, Une femme de la cathédrale et une autre d’un ‘suopermarché’).

C’est par milliers que les survivants quittent maintenant la capitale vers la province où les vivres commencent cependant à manquer dangereusement.

Les hôpitaux de province sont sursaturés. C’est le cas, entre autres, de la clinique Lumière et de l’hôpital Lumière de Bonne Fin. Bien que loin de la capitale, ils sont inondés de victimes traumatisées transférées jusque là.. La nourriture et l’eau potable manquent tandis que le matériel médical fut presque immédiatement épuisé.  Le Docteur Robert Bemlding, orthopédiste de Columbia (US) est sur les lieux

Cela est assez semblable à l’école de Quiqueya  de Delmas. (Cette école missionnaire accueille les enfants de missionnaires et les enfants haïtiens). Elle est transformée en centre d’opération d’urgence pour les secours non gouvernementaux. Huiit docteurs allemands et 6 autres volontaires y travaillent sans relâche, ne mangeant – à la belle étoile- que la nuit après des journées interminables d’interventions.

De nombreux ingénieurs chrétiens en communications rejoignent Haïti afin d’aider dans ce domaine sensible, ainsi que bien des amis ayant une bonne expérience de Haïti; parfois des enfants de missionnaires qui y sont nés.

Judith Dargan qui rapporte cela ajoute cependant: Ne venez pas en Haïti à moins que le Seigneur vous le demande de façon claire. Ceux qui n’ont pas une réelle expérience de Haïti ne pourraient y être vraiment utiles, d’autant que la nourriture et les abris y font défaut. De plus, il faut savoir que le danger peut y devenir très réel.

Le campus de Bolosse, siège de l’Union Baptiste des Eglises de Haïti où est implanté le séminaire où j’enseigne lors de mes voyages est envahi d’environ 2000 personnes. Toutes sont dehors (heureusement il n’a pas réellement plu) sans la moindre facilité. Le plus urgent est de rassembler les corps sans vie et de les brûler.

L’urgence concerne aussi une sorte d’installation de latrines pour 2000 personnes ! Pour le moment, il s’agit seulement d’une fosse creusée à cet effet.

Le père (pasteur) de l’un des étudiants ensevelis vint pour s’assurer de la vie de son fils après avoir appris que sa fille avait péri dans l’écroulement de l’université où elle se trouvait. On comprend sans peine qu’il se soit comme écroulé dans les bras d’un missionnaire.

La situation actuelle réveille une préoccupation déjà ancienne : ne faut-il pas envisager la délocalisation du Step d’accès difficile déjà en temps normal plutôt – maintenant -, que de consacrer 4 millions de dollars à la reconstruction en ce lieu ?

Julia, jeune fille française qui aidait Bruce et Cindy Robinson à Port de Paix avait reçu l’ordre de quitter les lieux pour rentrer en  France. Il semble qu’elle n’ait pu rejoindre Port-au-Prince pour être évacuée et qu’elle y est maintenant avec les Robinson, active dans le secours des victimes.

La moitié des écoles et les trois universités ont été détruites ou sérieusement endommagées. Cela représente l’effondrement total du système éducatif haïtien a dit le ministre de l’éducation Joël jean-Pierre.

Les destructions représentent en effet 50 % des 15 000 écoles primaires, des 1 500 écoles secondaires et la quasi-totalité des universités. Nous devons comprendre qu’une très importante partie des futurs leaders de la nation y ont laissé leur vie. C’est une sérieuse perte en enseignants et étudiants pour les perspectives d’avenir.

L’Université Lumière de Port au Prince est également entièrement détruite. La sœur du technicien de radio lumière des Cayes était à cette université lors du choc. Elle est cependant vivante et récupère à l’hôpital de Cité Lumière (c’est à cette station que je travaillais dans les années 60 et j’ai été plusieurs fois interviewé ces dernières années par ce technicien. R.)

Une église de la MEBSH (Mission. Evangélique Baptiste du sud de Haïti de la région de Port au Prince est fortement endommagée et dangereuse. Par contre, celle de Côte Plage (liée à Radio Lumière, quoique endommagée, demeure solide. Tous les pasteurs de cette mission et leur épouse sont saufs.

D’une prison au sud ouest des Cayes  80 prisonniers se sont échappés. 15 ont été retrouvés par la police haïtienne, dont un aux Cayes. Cela est ressenti comme préoccupant.

Tout n’est cependant pas négatif. On me dit  ici que la télévision aurait montré de petits groupes de Haïtiens en prière. En effet, dès après le séisme des rescapés s’unissaient au milieu des ruines pour bénir Dieu pour ceux qui étaient vivants et prier pour ceux dont ils n’avaient pas de nouvelles. Depuis lors, ils prient et chantent des cantiques la nuit, s’encourageant mutuellement. Ils sont souvent rejoints par des catholiques qui ont, depuis des années déjà, adopté leurs recueils de cantiques (composés d’hymnes anciens des Ailes de la Foi, Chants de victoire et autres).

Ce dernier dimanche, ce sont des cultes qui ont été vécus au sein des gravats.

En général, malgré l’ampleur du sinistre et en dépit de certaines bagarres et pillages, le peuple est calme, patient, plus qu’il l’a été depuis longtemps.

Que pouvons-nous faire ? Donner, bien sûr, car les besoins sont énormes et seront longtemps indispensables. Mais aussi –et peut-être surtout. Judith Dargan (missionnaire)  résume ainsi les principaux sujets d’intercession : prier pour que les rues restent calmes ;  pour que la distribution d’eau et de nourriture soit équitable ; pour que puissent être mise en place, des possibilités d’hygiène dans les camps de fortune et pour une proche phase de reconstruction morale, spirituelle autant que physique.

Richard Doulière

22/01/10
Chers Frères et Sœurs,

Vous avez été nombreux, dimanche dernier, à relayer notre appel aux dons pour les sinistrés d’Haïti et nous vous en remercions. Nous avons déjà pu récolter à ce jour la somme de 18 000€ et un premier transfert de 15 000€ a déjà été effectué en milieu de semaine. Les nouvelles qui nous parviennent de nos partenaires sur place font état de besoins énormes et nous désirons poursuivre notre mobilisation à leurs côtés.

Nous vous envoyons, ci-joint, un power point qui présente en quelques diapositives le travail du SEL Projets en collaboration avec ses partenaires sur place. Si vous le souhaitez, vous pouvez diffuser ce document dans votre communauté ce dimanche ou le faire circuler parmi vos membres. Au nom de tous ceux qui sont à pied d’œuvre là-bas à Haïti, nous tenons à vous remercier pour votre solidarité.

Puisse le Seigneur transformer notre émotion en une réflexion et un vrai engagement pour un autre monde.

Luc Torrini

Directeur général SEL Projets ASBL
www.selprojets.be

SEL-Haiti.ppt

25 janvier :

Je voudrais reprendre quelques nouvelles parvenues après le nouveau séisme de magnitude 6. Le vice-président de l’Union des églises baptistes de Haïti avec qui travaille la mission biblique en Côte d’Ivoire et en Haïti (et avec qui je collabore moi-même lors de mes séjours), questionné sur la situation après ce nouveau séisme mentionne qu’il n’a pas fait de nouveaux dégâts notables, rassure sur le sort du directeur de la Ligue Biblique, mais signale que les besoins demeurent grands en nourriture, eau potable, vêtements, médicaments et abris provisoires. L’argent est également nécessaire pour aider ceux qui désirent rejoindre leur famille en province.

Le nombre de personnes qui cherchent refuge auprès de l’UEBH dépasse maintenant 9.000, dont 5.000 environ à Bolosse.

L’église de Bérée (l’une des deux où les cultes se font en français a perdu 5 membres. Beaucoup de témoignages de délivrance miraculeuse y ont été apportés.

Bien des secours parviennent par la République dominicaine en raison de l’encombrement de l’aéroport. Mais la vie reprend timidement. Plusieurs banques sont rouvertes. Ces banques ont été exceptionnellement ouvertes, ce dimanche 24 de manière à accélérer l’accès aux aides financières venues de l’étranger (principalement des Haïtiens de la ‘diaspora’). Il n’y a plus non plus de pénurie de carburant. Plus de la moitié des pompes d’essence sont ouvertes et l’on n’y voit plus de longue file.

Selon l’Administrateur de L’UEBH, et contrairement à ce que j’avais lu précédemment relativement au collège Maranatha, les enfants de ‘l’Ekol pou you tou’ se trouvaient en classe le 12 janvier au moment du séisme; ce fut peut-être pour plusieurs une ‘chance’ car les bâtiments ont tenu (la chapelle seule est fissurée) et tous sont saufs… alors que leur bidonville est largement détruit.

Le 21, 200.000 sinistrés recevaient vivres et eau, mais une large portion de la population n’y avait pas encore accès. Il était encore nécessaire de multiplier les structures médicales. Les Américains, par la création d’une seconde piste à l’aéroport et la réouverture du port, ont, depuis, permis d’amplifier les secours.

De véritables villages de toile devaient être organisés autour de la capitale pour loger chacune 10.000 personnes. à terme, 400.000 sans abri y seraient accueillis.

En date du 24, on évaluait à 609.000 le nombre de personnes sans abri dans la seule région de PauP. Il faudrait un minimum de 100.000 tentes.

 Le gouvernement a réquisitionné une trentaine d’autocars pour le transport des sinistrés vers le Sud ou le Nord. A ce jour, lundi 25, 130.000 sinistrés en ont profité.

Toujours le 21 (personne jusqu’ici n’a mentionné un changement) les poubelles étaient ramassées sur Delmas (entre le centre et Pétion-ville) mais pas encore à Petion-ville. Le problème sanitaire demeure sérieux, même là où il y a maintenant de l’eau.

J’ai déjà signalé que la catastrophe n’a pas touché Port-au-Prince seulement, mais également, parfois plus durement encore, plusieurs villes situées à l’Ouest et Sud-Ouest. A celles que j’ai mentionnées, il faut, hélas, ajouter encore Petit-Goave, situation longtemps ignorée. Petit Goave aurait été plus touchée même que Léogane. Je n’ai pas de chiffres précis sinon de Jacmel, mais ceux-ci sont parlants : Selon les N.U., cette petite ville de 34.000 habitants comptent, parmi les bâtiments entièrement détruits : 1.785 maisons (mais 4.410 le sont partiellement), 87 bâtiments de commerce ou d’affaires, 54 écoles, 24 hôtels, 26 églises. Sachant que les maisons haïtiennes sont généralement habitées par une moyenne de 5 personnes, il est possible de comprendre que pratiquement toutes les maisons sont au moins en partie détruites. Un peu comme pour la capitale, les morts représentent environ 10 % de la population, mais on compte, en plus 5.730 disparus (près de 17%). Plus d’une personne sur quatre est donc morte ou disparue.

 Dès que les dégâts de ces villes du département du Sud ont été connus, des secours ont été acheminés par voie maritime. Mais ils venaient bien tard, de telle sorte que le bilan doit y âtre extrêmement lourd.

De bonnes nouvelles. André Patrick Jeudy, considéré comme un des (sinon le) meilleur(s) chrirurgien(s) de Haïti – et qui a été mon étudiant le plus capable, est vivant. Sa clinique a été endommagée, mais une équipe coréenne a pu lui aménager quatre salles d’opération pour répondre aux besoins de la zone.

Les différents magasins de La Presse évangélique ont été épargnés. Seul, le bâtiment de l’imprimerie a quelques fissures. Selon le frère Nacesse Brice, directeur de la Presse, les employés sont tous vivants. Seul est décédé le mari de Mme Devy, bras droit de M. Nacesse.

Un bref sujet de réflexion : Alors qu’aucun pays musulman n’a envoyé de secours, l’équipe de secours israélienne, composée de 220 médecins, infirmières ou ingénieurs fut la première équipe de secours arrivée sur les lieux. C’est elle également qui sortit des décombres les deux derniers survivants, 11 jours après (une femme âgée de 84 ans et un jeune homme de 22) juste avant que la recherche soit abandonnée.

Du major Faivre de Nancy, j’apprends que les principaux bâtiments : Orphelinat, école, hôpital, église, ont été sérieusement endommagés et quelques bâtiments plus petits entièrement détruits. Tous les membres de l’encadrement sont saufs. 700 salutistes ont travaillé dès le début à sauver des vies et distribuer des secours. Le dimanche 17, un service célébré dans la cour se déroula dans la cour avec 1000 assistants environ. Un nombre importants de ceux-ci répondirent à l’invitation à s’abandonner au Seigneur.

Richard Doulière

Mail du 3 février de Claire Chappuis aux Gonaïves

Cher frère,

Grâce à Dieu nous avons été épargnés ici aux Gonaïves, en grande majorité. Cependant beaucoup de familles sont en deuil car avec un quart de la population dans la capitale, tout le monde avait soit un frère, soit une soeur, soit un enfant aux études à Port-au-Prince. 

Dans notre petit hôpital Eben-Ezer l'affluence a augmenté, mais ce ne sont pas encore les grandes foules. Depuis les suites du cyclone Hanna la Santé publique nous avait attribué du personnel dont elle assurait les salaires puisque nous sommes une institution mixte. Cela aurait dû être une bonne affaire, mais nous n'avions pas le choix des personnes...  et il s'est avéré que cette équipe a fait plus de mal que de bien, n'ayant pas un intérêt personnel dans les progrès de l'institution et ne partageant pas l'esprit de la mission. Certains n'hésitaient pas à dénigrer l'hôpital devant les patients et à rabrouer les gens vertement.  Dernièrement nous avions demandé à participer aux secours des victimes du séisme, mais les structures hospitalières de Gonaïves nous boudaient en ne nous envoyant pas de blessés. Finalement, nous avons dû annoncer que les gens payés par la santé publique se rendraient plus utiles ailleurs, là où se trouvaient les patients. La nouvelle Directrice de la santé publique aux Gonaïves, qui avait un très bon souvenir de notre hôpital, a déclaré que nous pourrions désormais choisir notre propre personnel pour remplacer ceux qui sont partis, donc toujours payés par la santé publique. Ca, c'est une bénédiction !

Les opérations reprennent plus sereinement. Nous avons avec nous un chirurgien haïtien qui a envie de voir les progrès de l'hôpital. Mais nous cherchons aussi du personnel étranger à court ou moyen terme, en priorité des chrétiens. L'expérience prouve que ce sont les bons services rendus qui font venir les patients, et non l'inverse. Il est vrai que nous ne sommes pas encore débordés, mais les besoins à l'extérieur sont criants, et c'est à nous de nous préparer à accueillir les patients. Dès que nous aurons des personnes vraiment consacrées, l'affluence reprendra son plein. Donc si vous connaissez des chrétiens du domaine de la santé intéressés à apporter un témoignage de l'amour du Christ en Haïti, ils seront bienvenus...
Merci beaucoup pour vos prières !

Claire Chappuis

Nouvelles reçues le 12 février 2010
 

Union Evangélique Baptiste d’Haïti (UEBH)     Séisme à Port au Prince

Le 12 janvier à 16h53, un violent tremblement de terre secouait Port au prince et sa région faisant plus de 210.000 morts et des millions de sans abri.

Notre partenaire l’UEBH (Union Evangélique Baptiste d’Haïti) n’était pas épargnée. Sur les hauteurs de Port au Prince à Bolosse, le campus de l’UEBH, 6 personnes sont décédées dans l’effondrement du bâtiment principal dont 2 étudiants du STEP (Séminaire de Théologie Evangélique de Port au Prince).

Sur les 19 églises de l’UEBH de la région de Port au Prince, 10 sont fortement endommagées. L’UEBH a recensé une centaine de décès parmi ses fidèles et plus de 900 familles sont directement affectées par un décès, une maison détruite, un blessé grave.

En ville et dans la région, la plupart des pasteurs et responsables ont vu leur maison s’effondrer ou fortement endommagée au point où il n’est plus possible d’y vivre. Pourtant, dès le 13 au matin, nos frères et sœurs ont mis en place un comité de gestion du désastre pour secourir et accueillir les sinistrés qui se sont spontanément placés sous la protection de l’UEBH sur les différents lieux de culte. Les familles, en majorité non chrétiennes, ont tout perdu dans l’effondrement de leur maison et ont besoin de soins, d’eau et de nourriture.

Les premiers soins furent donnés par quelques OGN locales (Médecins du Monde, Groupe Mennonite d’Allemagne de Fonds Parisiens, Médical Teams International) qui acceptèrent de venir dans ce quartier malgré l’insécurité qui y règne. Les blessés les plus graves furent envoyés aux hôpitaux qui pouvaient cependant difficilement les accueillir.

Trois latrines furent rapidement creusées pour assurer l’hygiène sur le campus et les réfugiés furent regroupés par équipes d’une vingtaine de personnes avec un responsable chargé d’assurer la sécurité et de remonter les problèmes du groupe.

L’installation de deux purificateurs d’eau par une ONG (Samaritan’s Purse = l’action Boîtes à chaussures) aux portes du campus facilita l’approvisionnement en eau potable. Par contre l’aide alimentaire ne parvient encore que trop rarement en raison des agressions subies sur la route d’accès au campus.

Une bonne partie de ces actions furent réalisées grâce à une première aide d’urgence de 20.000 euros envoyée par la Mission Biblique de France et de Suisse, l’UEBH a ainsi rapidement pu répondre aux besoins des sinistrés. Un deuxième versement de 20.000 euros envoyé début février permet à l’UEBH d’acheter sur place ou en République Dominicaine le ravitaillement pour les réfugiés, de payer aux familles qui le souhaitent les frais de voyage vers la province, et d’effectuer les premiers travaux de sécurisation des bâtiments.

A ce jour nous avons reçu plus de 65.000 euros de France, de Suisse et même de Côte d’Ivoire. Ils permettront de poursuivre les efforts de reconstruction et de reprise des cours au STEP, à Lekol pou yo tou, d’apporter une aide alimentaire aux enfants défavorisés, de soutenir les plus démunis.

Merci à tous les donateurs qui manifestent leur soutien envers les frères et sœurs éprouvés. Nos remerciements vont également aux frères et sœurs de Côte d’Ivoire qui marquent ainsi leur solidarité fraternelle avec les églises d’Haïti.

Enfin pour encourager spirituellement les responsables et les étudiants du STEP qui devrait reprendre les cours le 1er mars, la Mission Biblique envoie le docteur enseignant Alain Nisus et Jean-Claude Raynaud en visite pastorale et fraternelle début mars à Port au Prince. Ils transmettent le soutien fraternel et les messages de réconfort aux responsables des Eglises Evangéliques. Des enseignements seront apportés aux étudiants et aux formateurs du STEP.

Continuons à prier pour les responsables qui subissent au quotidien le stress face à une population en grand désarroi. Prions pour les familles endeuillées, pour les nombreux blessés et pour tous les volontaires et bénévoles. Prions pour la paix et la réorganisation du pays.

Les informations reçues d’Haïti depuis le jour du séisme, sont mises à jour régulièrement sur le site de la MB avec les actions engagées sur place par les responsables (http://MissionBiblique.org).

Un témoignage via les Nouvelles de la SIM, reçu en février :

Le Docteur Cindy A. de SIM USA, est récemment rentrée d’Haïti où elle a passé 4 jours avec une équipe de Bâtisseurs sans frontières. Elle a utilisé ses compétences médicales à l’hôpital international CURE qui n’avait pas été touché par le tremblement de terre.

Voici quelques éléments qu’elle nous a partagé :

“Je pense que ce qui a été le plus difficile pour moi c’est de voir ces parents souffrir de voir la douleur de leurs enfants sans rien pouvoir faire pour les soulager. Un cas qui m’a beaucoup touché, c’est celui de ce petit bébé qui avait un bras cassé et la vessie éclatée (il a un cathéter dans la vessie à travers la peau). Ces soins postopératoires importants et difficiles dans nos pays, en sont combien plus compliqués dans les circonstances que traverse ce pays dévasté. Dieu lui a sauvé la vie et je crois fermement que Dieu pourvoira aux soins spécifiques dont il a besoin. Je prie également pour que le 82me régiment aéroporté apporte les lits qu’ils ont promis afin que ce petit bout de chou ne reste pas par terre !

J’ai rencontré cette jeune femme, chef de chorale de son église qui est sur son lit de malade tenant dans la main gauche son livre de chants et près de son lit sa Bible. Elle a été blessée en protégeant l’un des petits enfants de sa sœur lorsque l’escalier où ils se tenaient s’est écroulé. Sa sœur est malheureusement décédée. Cette jeune femme a le bassin fracturé et une jambe en traction pour une fracture du fémur. Malgré toutes ses douleurs elle chante sans cesse des chants de louange au Seigneur. Quand elle a mal, malgré son visage couvert de larmes, elle chante encore plus fort, louant son Seigneur. Une nuit, vers 3h, j’étais épuisée mais je continuais à m’occuper des patients. C’est alors qu’elle s’est mise à chanter "Amazing Grâce" en Créole. C’était si beau et six ou sept autres patients se sont mis à chanter avec elle. Cette femme comprend parfaitement que Dieu contrôle tout ce chaos et elle chantait comme par défi les louanges de Son Seigneur.

Je suis stupéfiée par les Haïtiens que j’ai rencontrés et leur réaction face à cette crise. Il y avait un groupe de jeunes Haïtiens cultivés qui travaillent sans relâche à nos côtés pour sauver leurs compatriotes. A un certain moment, j’ai travaillé pendant plusieurs heures avec une jeune Haïtienne, nous changions les bandages et les perfusions, je lui ai demandé où elle avait suivi ses études de médecine : elle m’a regardé et m’a répondu, "Je suis avocate." La dévastation que j’ai observée était accablante. Je suis sans mots pour décrire la souffrance physique. Mais j’ai vu la main de Dieu, j’ai vu des bénévoles arriver des quatre coins du monde, j’ai vu des guérisons miraculeuses, j’ai vu l’espoir face au désespoir.”

Un message d’Emmanuel Maennlein :

La foi des Haïtiens

Le séisme du 12 janvier 2010 en Haïti a ému le monde entier. Un immense élan de solidarité s'est créé pour venir en aide à l'un des pays les plus pauvres au monde. Bien des personnes ont découvert un peuple qu'ils ne connaissaient pas. Ou peu. Qui n'a pas été surpris, voire interpellé, par le courage et la foi de ces femmes, de ces hommes, qui venaient de perdre conjoint, enfants, amis, maison et qui pourtant gardaient confiance en Dieu ? Enquête et réflexions sur la foi d'un peuple pas comme les autres.

Un pays croyant

En Haïti tout le monde croit en Dieu. Ou presque, (même les vodouisants respectent Dieu et savent qu'il est plus fort que tous leurs dieux). La première fois que j'ai découvert Port au Prince, il y a 10 ans, j'ai été surpris par les références à Dieu et à Jésus. Elles sont omniprésentes. Sur les Tap Tap (taxis collectifs) et les échoppes. Dans la bouche de bien des haïtiens vous trouverez des : “Merci Jésus; grâce à Dieu; Jésus est vivant” et autres citations bibliques. Depuis lors, j'ai eu l'occasion de le vérifier cela à bien des reprises lors de mes voyages. Les paroles de Jésus : “Croyez en Dieu, croyez aussi en moi” sont une réalité pour chacun. Ce qui ne veut pas dire que tous se conforment au message de Jésus. Mais ils croient. Il ne viendrait à l'idée de personne de remettre en cause l'existence et la bonté de Dieu. Même lorsqu'on a tout perdu comme lors du récent séisme. Un pasteur que j'ai rencontré avec son épouse il y a 2 ans, sont morts ainsi qu'une quarantaine de croyants de leur église lors du séisme. Même si les cœurs sont déchirés, et que les interrogations sont présentes, vous ne verrez personne lever le poing vers le ciel pour accuser Dieu de ce malheur. Sont-ils résignés ? Non. Ils croient que malgré les apparences, la pauvreté et la misère, Dieu est avec eux. Ils lui sont reconnaissants pour la vie et l'aide internationale qu'ils ont reçues et reçoivent encore. Pour eux, Dieu est bon. D'ailleurs en créole haïtien, pour exprimer le nom de Dieu, on dit “Bon Dieu”. Par définition, Dieu ne peut être que bon puisqu'il a envoyé son Fils Jésus, non pas pour nous accorder une vie sans problème, mais pour venir nous sauver de nos péchés en mourant sur une croix.

Un pays qui prie

En Haïti tout le monde prie. Bien des Haïtiens se lèvent très tôt le matin pour prier, parfois pendant des heures. Durant les nuits qui ont suivi le tremblement de terre, des milliers d'haïtiens se sont rassemblés pour prier et chanter au milieu des cris et des gémissements. Plusieurs personnes miraculeusement sauvées des décombres ont raconté aux journalistes qu'elles avaient prié pendant cette dure épreuve. Quelles que soient les circonstances, l'haïtien prie. En témoignent encore ces propos recueillis en juin 2005, lors de l'un de mes voyages en Haïti. C'était dans la ville des Gonaïves, 3ème ville du pays qu'une tempête tropicale avait ravagé neuf mois avant ma venue. Toute la population était sinistrée. Par endroits l'eau avait monté de 3 mètres. Plus de 3.000 personnes avaient perdu la vie. On peut encore apercevoir aujourd'hui les séquelles de cette tempête et de celle de 2007.

Lors de mon séjour donc, j'ai eu l'occasion de visiter, à quelques kilomètres à l'extérieur de la ville lorsqu'on vient de Port au Prince, un centre qui regroupe un orphelinat, un dispensaire et une école. Une amie qui me fait découvrir le site, me conduit sur le toit d'une maison. Là bas les toits sont plats, i office de terrasse. Là, elle se met à me raconter ce que les responsables et les enfants du centre ont vécu quelques mois auparavant : “Nous étions montés avec les enfants sur le toit pour nous protéger. Nous avons vu venir des Gonaïves une énorme vague, une vague large et haute. Elle ravageait tout sur son passage. Avec les enfants nous nous sommes mis à genoux. Nous avons prié et demandé à Dieu d'intervenir. La vague s'approchait... puis soudainement a quitté sa route. Elle a contourné notre centre qui fait plusieurs centaines de mètres et repris ensuite sa route initiale. Dieu venait d'opérer un miracle sous nos yeux. Il nous avait gardés du malheur. Avec les enfants nous avons remercié Dieu pour son intervention. Grâce à Lui nous avons pu venir en aide à des centaines de sinistrés.”

Cette histoire m'a profondément ému. Neuf mois après, je pouvais constater de visu, qu'au-delà du centre, il y avait encore, par endroits, jusqu'à un mètre d'eau. D'un point de vue topographique rien ne pouvait expliquer cela. Dieu avait entendu et répondu à la prière des enfants dont certains n'avaient que 6 ans.

Quel message pour nous ?

Ce que viennent de vivre et vivent nos frères haïtiens m'inspire quelques réflexions :

• A quoi cela sert-il de rendre Dieu responsable de tous les maux de cette terre ? Cela change t-il quelque chose à notre existence ? Sommes-nous plus heureux ? Ne vaudrait-il pas mieux le remercier et se réjouir pour la chance que nous avons de vivre, d'avoir un toit, de pouvoir manger, étudier, se former, travailler, aider, aimer et vivre dans un pays stable ? Accuser Dieu ne change rien à la situation. Sinon nous rendre plus aigris, égoïstes, insatisfaits et tristes.

• Gardez confiance ! Aucune situation n'est trop désespérée, trop difficile. Même dans les heures les plus sombres de votre vie, il est possible de trouver la paix et de retrouver confiance. Dieu est là. En toutes circonstances.

Même si bien des questions demeurent et resteront sans réponse. Dieu entend la prière de celui qui s'adresse à lui avec un cœur sincère. Ne baissez pas les bras, Dieu veut vous répondre. Vous parler.

• Avec Dieu tout devient possible. Pourquoi ? Parce que Jésus, le Fils de Dieu vit pour toujours. C'est là le merveilleux message de l'Evangile. Jésus est mort pour nos péchés sur la croix. Oui. Mais ce n'est pas tout. Il est revenu à la vie 48 heures après pour vivre pour toujours. Parce qu'il est vivant, tout devient possible : espérer, croire, reconstruire. C'est vrai pour Haïti. Ça l'est aussi pour vous.

                          Emmanuel Maennlein

 

 


Il n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)